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On a beau se le dire, se raisonner, voire s’en inquiéter. Ici la terre peut trembler. Christchurch, la grande ville de l’île du sud où démarre ce périple en Nouvelle-Zélande, sait ce que séisme signifie. Mais que cette terre est belle ! Vivante, ardente parfois, majestueuse dans ses élans vers le ciel, créatrice, c’est sûr. Palette aux couleurs insoupçonnables, que le jour éclaire une cascade, ou que la nuit sublime la voûte étoilée. Ici des fougères géantes et argentées, là des geysers maritimes, ailleurs des lacs sans fin, des forêts profondes, des côtes déchiquetées, des volcans impatients, des glaciers résistants, et des collines au vert tendre semblant s’excuser de tant de douceur. Qu’elles soient pardonnées sans équivoque, tant les alternances de paysages ravissent, apaisent, dopent l’énergie. A chacun ses émotions !
Lac Tekapo : une réserve de ciel étoilé
Au Lac Tekapo, la première se vit en nocturne, en compagnie d’astronomes. En Maori, Tekapo signifie « partir en hâte la nuit ». Cette fois c’est pour rejoindre les hauteurs sommitales du Mont John, et l’observatoire astronomique de l’université de Canterbury qui partage volontiers ses connaissances et ses outils - lasers portables, télescopes haute puissance et… vestes chaudes - pour découvrir l’une des plus grandes « réserves de ciel étoilé » du monde. A coup sûr une nuit inoubliable dans les profondeurs du cosmos !
L’Aoraki/Mont Cook, le magistral sommet
Le jour, tandis que se dessinent au loin les hauts sommets enneigés du parc national du Mont Cook, l’église du Bon Berger veille sur le lac aux eaux turquoise, avant la traversée de grands espaces sauvages pour rejoindre Pukaki.
L’Aoraki/Mont Cook, plus haute montagne de Nouvelle-Zélande, culmine à 3724 mètres d’altitude. Le lac Pukaki, également sans mesure, lui laisse la part belle dans une nature libérée de toute apparente contrainte, en une alliance magistrale entre l’eau, la terre et le ciel. Aoraki, son nom maori, n’était-il pas l’un des fils de Rakinui, le ciel père ! Emprunter la SH8, la route qui longe le lac sur une cinquantaine de kilomètres s’avère en tout cas un vrai régal.
Queenstown et le Central Otago
Plus au sud, Queenstown et le lac Wakatipu, avec, en toile de fond, les Alpes du Sud, se profilent déjà. Dans ses profondeurs, environ 400 mètres, vit le géant Matau dont le cœur battant provoque l’oscillation du niveau des eaux. Un phénomène rare ! L’eau, c’est sûr, y est des plus pures. L’offre de randonnées et de balades est variée, comme à Glenorchy, village posé au bout enchanteur du lac. Accueillante, la région du Central Otago est tout autant source de visites instructives sur les liens de toujours entre l’homme et la nature. Témoins, la vie animée de Queenstown, les quartiers historiques de Cromwell et d’Arrowtown, liés, comme le site de Bendigo, à la ruée vers l’or ; les vignobles de la Gibbston Valley, et de Wanaka qu’on rejoint par une route panoramique en diable. Autant de haltes profitables à la compréhension de ce que fut et reste la Nouvelle-Zélande.
La Côte Ouest et ses kahikatea
La Côte Ouest (West Coast) offerte aux vents de la mer de Tasman qui y sculptent d’étonnantes forêts côtières se rejoint via les reliefs du parc national du Mont Aspiring, non sans quelques haltes : à Fantail Foss, une cascade cernée de centaines de cairns, et sur les rives de la Haast River aux eaux laiteuses.
Non loin d’Haast, une randonnée accessible au col du même nom permet d’apprécier la végétation locale. Dominé par le kahikatea, un conifère endémique géant, se laissant volontiers colonisé par les mousses et les lichens, le site abrite de nombreuses variétés de fougères géantes, des manuka, l’arbre à thé aux fleurs blanches, pourvoyeuses d’excellents miels, des ajoncs, et de très élégants pins blancs.
Glaciers et forêt luxuriante !
Sur les un peu plus de 400 km qui relient l’embouchure de la rivière Haast à Westport, les surprises ne manquent pas. La première est certes emblématique des mauvais temps qui courent pour les glaciers. Fussent-ils en recul, la cohabitation de Fox et Franz Josef Glacier avec la végétation luxuriante qui les accompagne jusqu’à - c’est exceptionnel - 300 mètres du niveau de la mer, reste confondante. La marche d’approche (une demi-heure pour Fox, 45 minutes pour Franz Josef) permet d’apprécier les rochers polis par la glace, entre autres cascades diamantées. Un petit bijou de nature exquise est à savourer près de Fox Glacier : le lac de Matheson dont le tour, en une heure environ, est à la fois ornithologique et panoramique.
Les Pancakes Rocks de Punakaiki
Une fois dépassée Hokitika, réputée pour ses ateliers travaillant le jade, et ses boutiques, les minéraux continuent à tenir le haut du pavé. Pour un spectacle époustouflant. A Punakaiki, place aux « Pancake Rocks », les roches calcaires de la Pointe Dolomite. Les jeux de l’air et de l’eau les animent, en une étonnante aspiration venue des profondeurs de la mer et trouvant dans les falaises perforées matière à explosion liquide. Sur les parois travaillées depuis trente millions d’années, offrant à l’océan batailleur l’apparente fragilité d’un mille feuilles de rochers-crêpes, un groupe de mouettes se joue de ces écumes vaporeuses, s’effraie parfois d’une plus sourde et plus secrète déflagration. L’incroyable mouvement des tréfonds marins sculpte depuis l’éternité les entrailles de la côte sédimentaire.
Abel Tasman Park : un petit bijou
Pour en finir, malgré soi, avec l’île de Jade, direction sa pointe nord-ouest nord et le Parc national d’Abel Tasman. Il doit son nom à un explorateur hollandais qui le découvre en 1642. La modestie de sa superficie -225 km2 - en fait le plus petit parc du pays. Le plaisir de parcourir ses forêts de hêtres, en une randonnée côtière, ou de naviguer à proximité de plages de sable fin orangé et de lagons paradisiaques, n’en est que plus grand. Entre le rocher granitique de la pomme fendue et d’autres formations rocheuses réveillant l’imaginaire, se prélassent des otaries et jouent les dauphins. Plutôt sympa !
Le Parc Tongariro et le Mordor
Vibrante de ses geysers, de ses eaux chaudes, et de ses volcans, l’île du nord en concentre trois dans le premier parc national de Nouvelle-Zélande créé en… 1887, le Tongariro Park : le Ruapehu, le Tongariro et le Ngauruhoe, toujours très actif et montagne sacrée pour les Maoris, connue pour sa forme conique et surtout pour être le décor naturel dans la trilogie cinématographique « Le Seigneur des anneaux » de la fameuse Montagne du destin, au cœur des terres noires du Mordor. Un signe de l’unicité des lieux, l’UNESCO reconnaît comme patrimoine mondial le Parc Tongariro pour ses spécificités volcaniques d’exception et son importance culturelle et spirituelle maorie.
Wai-O-Tapu et ses merveilles
« Le pays des merveilles thermales » : ainsi nomme-t-on le parc géothermique de Wai-O-Tapu, situé à une trentaine de kilomètres au sud de Rotorura. Si la baignade est déconseillée, pour cause d’extrême acidité, voire d’arsenic, le charme opère sur près de 18 km2. Couleurs vives et improbables, bouillonnements mystérieux, fumerolles inquiétantes, encriers du diable, Champagne pool, chemin sacré, poêle à frire… : le parcours est riche en surprises. Vieille de millions d’années et toujours active, une vie secrète anime les lieux, dans un cadre resté naturel, ce qui ne gâte rien, en dépit des nécessaires précautions d’usage. A recommander pour petits et grands, en se méfiant de l’affluence matinale (pour cause de geyser).
Rotorua : dans le grand bain !
Avant le départ d’Auckland, le périple s’offre une pause méritée à Rotorua, réputée pour son intense activité géothermique, ses lacs, ses bains de boue et ses eaux chaudes accessibles, celles-là, à la baignade. Alors pourquoi ne pas s’offrir un temps de détente au Polynesian Spa ? Acide, l’eau riche en sulfate, soulage les muscles, les courbatures et les douleurs. Une autre source d’eau alcaline nourrit la peau. Le site propose plusieurs bassins, avec vue sur le lac, dans un cadre généreux en verdure. De quoi adoucir les fatigues du voyage !
Coup de cœur
Bienvenue à Hobbiton
Incroyable ! L’arrivée laisse une impression de déjà vu : une clairière, bien réelle, un chariot transportant Gandalf et Frodon, imaginaire celui-là, et en face des trous de hobbit, faits de briques et de bois locaux, un vallon riche en arbres fruitiers… Linge miniature séchant sur un fil, brouette chargée de rondins, tournesols en fleur, ruchers et pots de miel… les détails d’une vie animée pullulent, aiguisent le désir de cheminer plus avant, sans hâte. Il y a tant à voir, à se régaler. Bienvenue sur le plateau de tournage du Seigneur des anneaux et d’Hobbiton, à une heure de route au nord-ouest de Rotorua, au cœur de collines herbeuses, et généreuses à souhait. En images, séquences, ambiances. L’imagination va bon train. Les scènes du Hobbit rejaillissent, à la vision du moulin et de sacs chargés de blé, d’une cheminée se dessinant dans le ciel, de lampions festifs, du Dragon vert, la taverne où l’on sert toujours des bières et du cidre. Il y en a pour tout le monde, sous l’œil - sévère, espiègle ! - de Smaug le Doré, le dragon qui, sur l’autre rive, veille au grain, toujours proche de ses sous. Pour celles et ceux qui souhaitent s’attarder, il y a toujours moyen de les dépenser. Petit-déjeuner servi dans le moulin, banquet digne d’un Hobbit, entre autres événements spéciaux sont aussi à l’ordre du jour et… de la nuit.
