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Jean-Marc Toussaint

Rencontres vietnamiennes

# Voyage Nature

# Vietnam

Dans le nord du Vietnam, les minorités ethniques ont su préserver leurs cultures et leurs traditions. Voyager dans cette région garantit un total dépaysement et des rencontres hautes en couleur.

Paysage immuable du Nord-Vietnam avec ses champs de riz en terrasse.

Le nord Vietnam, c’est l’image de l’Asie éternelle, avec ses rizières en terrasse ennoyées sous le soleil où s’activent, le dos courbé, des paysans coiffés d’un chapeau conique en feuilles de latanier. On se balade ici dans de vieilles estampes, de Hanoï, une ville musée de l’architecture coloniale, aux villages montagneux peuplés de 52 minorités ethniques aux traditions encore vivaces. Le tourisme de masse n’a pas envahi ces contrées reculées, pas encore mondialisées, au cœur de territoires encore à défricher. Cette région reste toujours et encore une aventure. Beaucoup de villages ne se découvrent qu’à pied. Justement, voilà quatre heures qu’un groupe d’une dizaine de touristes déambulent pas à pas, parmi ces collines montant à l’assaut du ciel.

Culte des esprits

La journée a été riche en rencontres, en découvertes. Au détour d’une forêt de bambou, les premières maisons se découvrent dans le miroir vert jade des rizières. Nous sommes chez les Hmong, l’une des principales ethnies de la région. Devant sa maison sur pilotis en bois d’Iroko, une vieille dame fume le dieu cay, une longue pipe à eau en bambou. Ces cheveux sont maintenus par un turban. Ses vêtements colorés, finement brodés, sont caractéristiques de ce peuple venu de Chine au XVIIIe siècle. Ici, le costume n’a rien de folklorique. Tout le monde le porte au quotidien et avec fierté. Les femmes sont des tisserandes expertes et arborent des bijoux en argent tirés des pièces de monnaies françaises, jadis émises par la banque d’Indochine !

Les Hmong vivent encore en totale autarcie. Ils cultivent le chanvre, le lin et le coton nécessaires à la fabrication de leurs vêtements, le riz pour leur alimentation. L’élevage, l’arboriculture et la nature qui les entourent assurent leurs autres besoins vitaux. Les Hmong pratiquent le culte des esprits, croient à la communication post mortem. Des croyances mélangées aux influences du confucianisme, du bouddhisme et du taoïsme qui font de ce peuple attachant l’une des principales curiosités du voyage. Dans ces montagnes reculées, le Vietnam se dévoile dans sa beauté brute et inspire une troublante sensation d’isolement. Tout est ici source d’émerveillement. La diversité culinaire est aussi étonnante que la variété des paysages. C’est en tout cas un formidable retour aux origines des hommes de la terre, vivant en totale symbiose avec un environnement d’une somptueuse beauté.

Les principales ethnies montagnardes du nord-Vietnam

Les hmong. C’est l’un des plus importants groupes ethniques de la région. Venus de Chine, ils vivent dans le nord, autour de Sapa et Bac Ha et se divisent en plusieurs sous-groupes : les hmong rouges, verts, blancs, fleurs qui se distingue par leurs costumes. Ces ethnies sont aujourd’hui majoritairement catholiques, où se mêlent leurs propres croyances. Les hmong considèrent qu’ils ont trois âmes : une pour leur vie, une pour l’au-delà et une 3ème pour être réincarné.

Lors d'une fête de village dans le Nord-Vietnam.

Les Bahnar. Ils vivent sur les hauts plateaux du centre, dans la région de  Gia Lai et Kon Tum. Installés dans des maisons sur pilotis, ils vénèrent les arbres et conservent leur propre calendrier. Et ce sont les femmes qui décident chez les Bahnar. Ce sont elles selon leur croyance qui ont créé le ciel et la terre.

Les Thay. C’est la plus importante des minorités du Nord Vietnam, implanté en fond de vallée entre Hanoi et la frontière chinoise. Leurs croyances mêlent des esprits locaux aux bouddhisme et au taoïsme qu’ils ont en partie adoptés. Les Tays font des dévotions aux génies de la maison.

Les Dao. Vivant dans les zones frontalières du Laos et de la Chine, ils se divisent en plusieurs sous-groupes :  Dao rouges, Dao Lo Giang… Ils parlent une langue spécifique, vénèrent les esprits, et sacrifient des animaux lors de complexes rituels. Leurs costumes sont très élaborés. Chacune de leur maison abrite un autel des ancêtres et les Dao pratiquent toujours le rite de passage pour faire entrer les jeunes dans la communauté des adultes.

Les Sedang. C’est l’une des plus petites minorités (110 000 membres) vivant sur les hauts plateaux. Ils ont une longue tradition guerrière et attachent beaucoup d’importance aux relations familiales. Ils prônent l’égalité des sexes, accouchent à l’orée des bois et partagent des biens avec leurs défunts.

Les Ede. Ils vivent avec leur famille élargie dans de longues maisons sur pilotis en forme de bateau. Ici, ce sont les femmes qui donnent leur nom à leurs enfants et c’est à elles que revient l’héritage familial. Les Ede sont réputés pour la qualité de leurs musiques qu’ils jouent avec flutes, gongs et tambours.  Ils vivent principalement dans les régions de Dac Lac et Kon Tum

Coup de cœur

Incontournable baie d’Halong

C’est l’un des plus célèbres paysages d’Asie, popularisé par le film « Indochine ». La baie d’Halong (littéralement là où le dragon descend, en vietnamien), classée au patrimoine mondial de l’Unesco, est un site naturel époustouflant, caractérisé par deux mille pitons karstiques de toutes formes qui émergent des eaux turquoises de la mer de Chine. Bien que très touristique, la baie d’Halong reste un incontournable pour qui voyage au nord Vietnam. Plusieurs formules sont proposées pour visiter le site. Compter à minima 5 à 6 heures pour une excursion, mais la plupart des tours durent 24 heures avec la nuit et les repas pris sur la jonque, ce qui permet de mieux s’imprégner du lieu, mais aussi de visiter les derniers villages flottants et quelques grottes nées de l’action du vent et des vagues. Possibilité également d’explorer ces sentinelles de pierres en kayak, là où les bateaux ne peuvent accéder.

Infos pratiques

Formalités

  • Pas besoin de visa pour les séjours sur place inférieurs à 45 jours. Un passeport valide au moins six mois après la date d’entrée sur le territoire suffit. Au-delà de quarante cinq jours, un visa est nécessaire. Il peut s’obtenir à l’arrivée aux aéroports de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville après avoir obtenu une lettre d’invitation d’un organisme de voyage vietnamien ou plus classiquement avant le départ, soit en ligne sur le site National web ortal on immigration, soit auprès du service consulaire de l’ambassade du Vietnam à Paris.

Décalage horaire

  • Six heures en hiver. Il est 18 h au Vietnam quand il est midi à Paris. En été, ce décalage passe à 5 heures.

Quand partir ?

  • Les meilleures périodes pour visiter le nord Vietnam sont octobre-novembre et mars-avril. Les températures sont idéales (25 degrés en journée). Éviter juillet et août, des mois souvent caractérisés par des pluies diluviennes, parfois très violentes

Avec qui partir ?

  • Allibert Trekking propose plusieurs voyages dans le nord Vietnam. Le voyage intitulé « Les tribus du haut Tonkin » est particulièrement complet. Il mêle randonnées (sans portage) et nuit chez l’habitant, notamment dans des villages Hmong et Thay, mais aussi des sorties à vélo, en kayak, le tout à un niveau très accessible. Un guide francophone accompagne le séjour. Les transferts se font en minibus à l’exception du voyage Sapa-Hanoï qui s’effectuent en train couchette. Ce voyage intègre également la visite d’Hanoï et la découverte en jonque de la baie d’Halong ce qui permet une approche approfondie de la région. Plus de renseignements sur www.allibert-trekking.com ou 04.76.45.84.84.
Rencontres vietnamiennes
Un reportage de Jean-Marc Toussaint