HTML STATIC

Jean-Marc Toussaint

Tahiti, un paradis français

# Voyage d'une vie

# Tahiti

A plus de 15 000 km de Paris, la Polynésie française est un petit paradis éparpillé. Découverte entre Tahiti, Huahine et Rangiroa.

L'ile de Tahiti, vue d'avion apparait très montagneuse.

Penchée sur sa machine à coudre, Aiata (littéralement, la femme mangeuse de nuages, en tahitien) répare la voile d’un catamaran. Dans son petit atelier de couture sont accrochés divers vêtements qu’elle a confectionnés. À Rangiroa, le plus grand atoll de Polynésie, vivre de sa petite entreprise n’est pas toujours simple. Et pour cause : il n’y a que 3.500 habitants sur cette île paradisiaque des Tuamotu, et un seul bateau assure le ravitaillement une fois par semaine. Le système D est donc de rigueur. L’entraide aussi. « On est habitué à vivre simplement et en autarcie », explique Aiata en observant depuis sa fenêtre un bateau qui rentre de la pêche, « des cousins » qui rapportent de quoi nourrir la famille pendant au moins dix jours.

 Ainsi va la vie en Polynésie. Tranquille, sans pression. En dehors de l’île de Tahiti, qui concentre les deux tiers de la population, les habitants des petites îles sont globalement peu salariés. « À Huahine, on dénombre à peine 300 emplois pour 6.000 habitants. Beaucoup de gens vivent encore de la pêche et de la culture vivrière. C’est une société qui est restée très traditionnelle, voir tribale. Ici, il est encore courant de laisser allumer la lumière dans la maison pour faire fuir les esprits », raconte Renaud Coquille, directeur de l’hôtel Maitai Lapita, qui estime qu’il n’y a pas « une Polynésie, mais des Polynésies ».

 Ces terres de basalte et de corail, lovées dans des lagons de jade, constituent en effet le plus grand territoire marin de la planète : 5,5 millions de km², soit une superficie grande comme la moitié de l’Europe. Mais dans ce décor d’eau, la totalité des 118 terres émergées ont une surface équivalente à celle d’un demi département français.

Un aquarium à ciel ouvert

Bref, la Polynésie française est une terre minuscule sur un territoire gigantesque. Mais quelle terre ! Cerclés d’un halo turquoise, ourlés de sable blanc, bordés de cocotiers, ou dominés par des sommets de plus de 2.000 m, ces anneaux coralliens sont comme posés sur l’océan. La Polynésie est un aquarium à ciel ouvert, un continent aquatique avec des habitants d’une gentillesse et d’une douceur rares, symbolisées par ces colliers de fleurs ou de coquillages offerts partout en signe de bienvenue.

Tout est réuni ici pour que le visiteur s’interroge. Et si la vraie vie était ici ? Beaucoup de métropolitains ont franchi le pas. Ils travaillent principalement dans le tourisme, la première activité de ces îles qui accueillent annuellement quelque 200.000 visiteurs. Pour ces touristes, les sports nautiques (voile, pirogue, jet ski…) constituent encore le meilleur moyen de découvrir les lagons, et les plages isolées. L’intérieur des iles à l’image de Tahiti est souvent luxuriant et propice à la randonnée. A Huahine, dans les iles de la société, l’ascension du Mont Tapu à 429 mètres d’altitude est une belle randonnée qui offre des panoramas extraordinaires sur les baies déchiquetées et les motu de la barrière récifale, réputés pour ses spots de surf.  Ici point de gros hotels luxueux comme à Bora Bora, mais des pensions de familles plus modestes, plus authentiques aussi. Cette ile reposante abrite à Maeva des vestiges archéologiques dédiésau culte qui rappelle l’importante du pouvoir royal dans ces iles voici encore quelques siècles.

Au pays du paréo, du monoï, sur ces terres jadis explorées par le naturaliste Charles Darwin, le visiteur du XXIe siècle peut parfois être désemparé par une forme de plénitude que l’on appelle ici le mana, cette force spirituelle qui entoure tous les Polynésiens. Pour toutes ces raisons, Tahiti et ses îles sont une destination étonnante, bien plus complexe que l’image de carte postale véhiculée en Europe. En somme une vraie perle aux reflets colorés, à l’image de ceux que produisent les huîtres d’ici, dans les eaux transparentes du Pacifique.

Coup de cœur

Du vin en Polynésie

Des vignes sur un îlot du Pacifique, bordé d’un côté par des cocotiers et de l’autre par le lagon. L’image est saisissante. Depuis 2003, Dominique Auroy, un Normand qui a fait fortune dans la production d’énergie, produit du vin à Rangiroa, à une heure de vol de Tahiti. « Les premiers essais ont eu lieu en 1992 sur différentes îles. Le choix s’est porté sur Rangiroa parce que la vigne s’y est bien comportée, mais aussi en raison de l’absence de maladies cryptogamiques et d’insectes défoliateurs sur l’atoll. « Au Moinsune quarantaine de cépages ont été essayés et nous avons choisi le carignan, le muscat et le grenache », explique-t-on au domaine. Autre particularité : la plantation de six hectares est vendangée deux fois par an, ce qui permet de produire annuellement 38.000 bouteilles de blanc sec et moelleux ou de rosé. La production est vendue à 90 % en Polynésie française.

Infos pratiques

Y aller

  • Tahiti est situé à 15 700 km de Paris. Le plus simple pour s’y rendre est de passer par les États-Unis avec escale à Los Angeles ou San Francisco. Vous devez donc impérativement demander un Esta en ligne avant votre départ pour pouvoir transiter par les États-Unis et être en possession d’un passeport biométrique. Compter environ vingt heures de vol.

Se déplacer sur place ?

  •  De nombreuses iles sont reliées entre elles par des dessertes aériennes quotidiennes. C’est le cas de Rangiroa et Huahine qui bénéficient de plusieurs vols quotidiens au départ de Tahiti et Bora-Bora ou Moorea. Il existe également des bateaux qui assurent des liaisons inter-iles.

Décalage horaire.

  • Douze heures en été et onze heures en hiver. Lorsqu'il est 12 h à Paris, il est 0 h 00 ou 01 h 00 à Tahiti.

Climat

  • Il fait entre 26 et 28 degrés toute l’année avec des minimales à 19 degrés. Il n’y a donc pas de mauvaises saisons à Tahiti. La Polynésie française se visite toute l’année.

Plongée

  • Rangiroa est un atoll mondialement connu des plongeurs. Dans cet atoll de plus de 200 km composé d’iles, de motu et de hoa (chenaux). Six centres de plongée se disputent le marché. A voir notamment des raies aigles et mantas, des requins gris et pointes noires et aussi de nombreux dauphins qui ont élu domicile dans la passe de Tiputa là où se déroulent la plupart des plongées.

Perles de Tahiti

  • Gauguin’s Pearl est l’unique ferme perlière de Rangiroa. La structure propose au quotidien des visites guidées et gratuites qui permettent de découvrir la greffe des huîtres, la récolte et plus généralement toutes les installations de la ferme.

Ou manger ?

  • Si vous êtes à Huahine un dimanche, il faut aller manger le midi chez Tara dans le sud de l’ile. On mange les pieds dans le sable face à la baie de d’Avea. L’endroit ne paye pas de mine, mais c’est très convivial. Les dames reçoivent un collier de fleurs en arrivant, et le repas est animé par des groupes de musiques locaux. Magnifique buffet préparé au four traditionnel, le fameux Ma’a. Parmi les spécialités proposées il y a bien sur le poisson cru mariné au lait de coco, le poulet fafa, du poé, l’ipo banane ou encore le pua’a chou. Il est fortement conseiller de réserver. Le reste de la semaine le restaurant propose une carte classique. Tel : 689 40 68 78 45.

Change

  • Le franc a encore cours ici, mais il s’agit du franc Pacifique. Un euro est équivalent à environ 120 francs Pacifique.

Infos

Tahiti, un paradis français
Un reportage de Jean-Marc Toussaint