
À la descente de l’avion sur l’île de Mahé, une belle chaleur moite accueille les voyageurs. Une petite route grignotée sur la mer les emmène vers Eden Islands, la jolie marina de Victoria. Embarquement à bord du Bacchus, un catamaran de six cabines pour une semaine de rêve. Le dîner préparé par Steeve, cuisinier et bonne âme du Bacchus est succulent : punch, poisson perroquet au gingembre, riz à la sauce exotique, petites bananes flambées.
Le premier trajet est un supplice : filer sur une mer d’une incroyable couleur turquoise sans pouvoir plonger dedans est presqu’insupportable ! Mais il faut bien couvrir les quatre heures de navigation jusqu’à Praslin avant de pouvoir baguenauder d'île en île. Steeve en profite pour laisser traîner deux lignes de pêche derrière le catamaran. Un thon jaune mord. « Il va agrémenter notre dîner », promet Steve, en levant les filets avec une surprenante dextérité. Lorsque Derek, le skipper, lance enfin l'ancre, tous sautent dans une eau translucide qui est à plus de 30 °C. Seuls des tubas dépassent encore de la surface, tout le monde à la tête sous l'eau, admirant les poissons multicolores qui ne se laissent pas déranger.
C'est parti pour une semaine de dépaysement total. Une multitude d'îles et d'îlots formés de rochers, surmontés d'une végétation tropicale, semblent juste posés sur une eau qui scintille dans toutes les nuances de bleu. Parfois, le catamaran jette l'ancre loin de la « civilisation » pour permettre de voir des magnifiques colonies de coraux et leurs habitants : des poissons-perroquets et papillons, des raies, voir même des petits requins (inoffensifs !) qui y trouvent refuge.

Chacune des 115 îles, chaque îlot, a ses particularités, ses charmes. Des baies au sable blanc bordées de palmiers, des rochers de granit sculptés comme pour un décor de cinéma, une eau translucide riche en poissons colorés. Dommage, impossible de les visiter toutes...
Dans la mangrove de Curieuse
Pour explorer l'île la Curieuse, le skipper dépose ses passagers avec le zodiaque sur la plage de la baie Laraie où les tortues géantes restent imperturbables devant ces touristes avec leurs appareils photos. Plusieurs centaines de tortues géantes d'Aldabra vivent ici en toute quiétude : depuis 1979, l'île est classée parc national marin.
Un sentier aménagé dans la mangrove permet de rejoindre l'autre côté de l'île où le catamaran reprend ses passagers. La forêt primitive semble figée dans le temps. Entre les racines enchevêtrées des palétuviers, mollusques, crabes et poissons prospèrent. On y trouve même les fameux palmiers Cocos de mer qui poussent surtout l’île de Praslin. Une passerelle permet de passer au-dessus de l'eau stagnante, du sol creusé de milliers de trous de crabes, et où les racines ressemblent à des petites têtes d'extraterrestres émergeant du sable ! Dès que les marcheurs s’arrêtent, ne parlent plus, toute la mangrove s’anime : des milliers de crabes s'activent, des oiseaux nichant dans les troncs pourris pointent la tête, d'innombrables mollusques traînent leur carapace.... Le sentier grimpe et depuis le « sommet », la vue sur l'eau translucide permet de voir évoluer des raies, des petits requins.
Le sentier débouche à Anse José, où la maison coloniale du docteur raconte le temps de la découverte de l'île et les épisodes parfois peu glorieux qui l'ont suivi. L'île rouge, appelée ainsi en raison de la couleur rouge de sa terre, a été revendiquée en 1768 par les Français. Ils lui ont alors donné le nom de la goélette de l'explorateur Marc-Joseph Marion du Fresne, La Curieuse. A cette époque, on n'avait guère de respect pour la nature et en 1771, les marins ont mis le feu à l'île pour récolter plus facilement les noix de coco de mer...Une façon de « travailler » qui a détruit la plupart des forêts sur les îles...
Puis, Curieuse a accueilli des lépreux. L'ancienne résidence du dernier médecin a été transformée en musée.
Après un barbecue à bord, cap sur l'îlot Saint-Pierre pour nager avec les poissons. Le site est connu et de nombreux petits bateaux s'y arrêtent. Des poissons bleus, jaunes, rayés.... C'est un peu comme nager dans un aquarium géant ! Près des rochers, des rascasses élégantes, des poissons pierre et même des petits requins...
Steeve s'amuse de jeter des morceaux de pain dans l'eau, ce qui provoque un véritable tollé ! Penché au bord du catamaran, les poissons viennent lui manger dans la main et il en profite pour en sortir un ! Non, celui-ci n'agrémentera pas le dîner, Steve le remet rapidement à l'eau.
La plage la plus photographiée du monde
Parmi les haltes incontournables figure l'île La Digue, réputée pour la plage la plus photographiée du monde et rendue célèbre par la séduisante Emmanuelle. C’est ici, au domaine de l’Union Estate, que se trouve la maison du planteur qui a servi de cadre aux tournages des films Emmanuelle. Sur le domaine, on fabrique l'huile de coco, une plantation de vanille fournit l'épice précieuse, des tortues terrestres géantes jouent les stars.
Il faut traverser le domaine – après avoir payé un petit droit d’entrée -, pour arriver à Anse source d'argent. Ici, point de vaste plage. Lorsque la mer monte, les places pour poser sa serviette se font même rares. D'impressionnants blocs de granit rose émergeant d'une végétation exubérante créent des petites criques de rêve. Un sentier caché mène de l'une à l'autre.
Sur La Digue, tous les déplacements se font à vélo, les voitures sont interdites sur l’île. Un petit conseil : vérifiez absolument l'état des freins et des vitesses ! C’est à coups de pédales (et là ça grimpe !) qu’il faut gagner l’autre plage de La Digue, Grand Anse. Du sable d'un blanc immaculé, une mer turquoise, d'imposants blocs de granit. Mais la baignade y est interdite, les vagues sont trop puissantes et le courant trop dangereux.
Les prix dans les restaurants et boutiques sur l’île sont élevés. Rien d’étonnant quand on sait qu’absolument toutes les marchandises arrivent par bateau. Un bras mécanique monte les caisses les plus lourdes, des hommes font la chaîne pour charger les paquets sur les camionnettes qui attendent. Quant aux passagers du Bacchus, le dîner les attend sur le catamaran : punch des îles, carpaccio de thon au citron, à l'ail et à la sauce de soja (plus frais, ce n'est guère possible), de la noix de coco, le tout suivi d'un cari de thon, d'un poulet au citron, de « choucroute » des Seychelles (de la papaye verte préparée comme une choucroute). Steeve, au fil des jours, transforme cette balade d'île en île en petite croisière gastronomique
Coup de cœur
Le sanctuaire de l’île Cousin

Les Seychelles ont su préserver leur riche patrimoine naturel. Certaines îles sont de véritables sanctuaires. Près de la moitié du territoire est protégé par des réserves naturelles, des parcs marins (d'où des taxes d'entrée à payer). Une mesure qui a permis de préserver ce fabuleux patrimoine naturel.
Interdit d’accoster. Pour visiter l'île Cousin, les touristes doivent attendre sur leur bateau que l'on vienne les chercher. Cousin est un sanctuaire pour une centaine d'espèces d'oiseaux terrestres et il n'est pas question de prendre le moindre risque qu'un prédateur (souris ou rats par exemple) soit introduit sur l'île. A dix heures, les jeunes bénévoles qui travaillent sur l'île, font le tour des bateaux qui attendent pour embarquer les visiteurs. A midi, tout le monde devra repartir pour ne pas trop perturber la vie des habitants ailés de l'île. Entre 500 000 et 800 000 individus ailés vivent sur les 28 ha de l'île. Sans aucune crainte, les oiseaux voltigent autour des visiteurs qui suivent le sentier en compagnie d'un guide ornithologue. La pie chanteuse, le paille en-queue, la nodie à bec grêle ou encore la fauvette des Seychelles qui a failli disparaître. Là, sur une branche, une minuscule boule de plume : c'est un bébé sterne qui reste sagement sur sa branche pendant au moins 80 jours ! C'est aussi sur Cousin que viennent pondre les tortues à écailles. Ornithologues, biologistes et scientifiques du monde entier viennent faire des recherches sur l'île. Et si vous rencontrez Georges, écartez-vous de son chemin : à son âge, plus de 100 ans, il a la priorité ! Georges, impressionnante tortue terrestre, est la mascotte des jeunes chercheurs qui travaillent sur l'île.