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Ursula Laurent

Ellora et Ajanta, des temples magiques

# Voyage d'une vie# Voyage Héritage

# Inde

Dans l’état du Maharashtra dans l’ouest de l’Inde, deux ensembles de grottes sont les plus anciens sites du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO en Inde. Peu de touristes européens s’y aventurent.

Il a fallu près de 150 ans pour tailler le temple Kailâsanâtha dans une paroi d’un seul bloc.

L’Inde et ses multiples visages nécessiteraient plusieurs voyages ! Il y a tant à voir, à découvrir, à vivre, qu’il faut prévoir du temps et surtout bien planifier ses visites. Et ne pas hésiter de sortir des circuits traditionnels.

Les grottes d’Ellora et Ajanta dans l’état de Maharahstra font partie des joyaux cachés de l’Inde. Peu de voyageurs européens s’y aventurent car elles se trouvent dans une région pas vraiment touristique. Le point de chute, la ville d’Aurangabad, à environ 300 km de Bombay, la capitale du Maharashtra, n’a pas beaucoup de charme. Deux jours suffisent pour visiter les grottes et un autre petit bijou, le Bibi Ka Magbara (voir Coup de cœur).

En arrivant sur le site des grottes d’Ajanta, la première impression est … décevante. On ne distingue pas les merveilles vantées par les guides. Des nombreux marchands accueillent les visiteurs dès la descente de l’autocar, il faut traverser un véritable marché de souvenirs pour  avoir enfin une vue sur le site. Ce qui saute aux yeux, c’est un canyon le long de la rivière Waghur. Dans la paroi rocheuse en forme de fer-à-cheval, on distingue des ouvertures, les fameuses grottes. Des marches taillées dans la roche mènent à ces grottes artificielles, creusés dans du basalte aux IIe et Ier siècles av. J.-C. puis du 5e au 6e siècle ap. J.-C. Certaines étaient des monastères servant d’abri aux moines pendant la saison de pluie, d’autres des sanctuaires.

Les grottes d'Ajanta représentent l'architecture rupestre bouddhiste ancienne.

En pénétrant dans ces grottes, dont certaines ne sont pas accessibles ou en cours de restauration, on entre dans un autre monde. Des subtils jeux de lumières créent une ambiance un peu mystique – du moins quand il n’y a pas une classe d’écoliers en train de prendre des selfies ! Fresques et sculptures content la vie de Bouddha. Tout en finesse, ce sont des véritables chefs-d’œuvre de l’art religieux bouddhique. Mais par-dessus tout, c’est la technique employée pour creuser ces grottes qui impressionne. Quelques grottes inachevées permettent de mieux comprendre la façon de faire. Pour saisir toute la signification des peintures, mieux vaut être accompagné d’un guide. Mais en demandant gentiment aux gardes, et en  leur glissant quelques roupies dans la main, ils donnent volontiers quelques explications – à condition qu’ils parlent anglais.

Bien cachées dans la végétation, il n’est pas étonnant qu’elles n’aient été redécouvertes qu’en 1819 par des soldats britanniques lors d’une partie de chasse. Relativement bien préservées jusque-là, les grottes ont par la suite beaucoup souffert de l’afflux de touristes.

La plus grande structure monolithique du monde

Au 7e siècle, les moines bouddhistes quittent les grottes d’Ajanta pour celles d’Ellora.

Les grottes d’Ellora cachent aussi bien leur jeu, creusées dans la roche basaltique des collines Charanandri. Elles sont encore plus impressionnantes ! Comment leurs constructeurs ont-ils réussi cette performance, creuser la roche depuis le haut pour descendre de plusieurs mètres tout en sculptant des statues, des piliers pour créer des monastères, des temples comme le joyau absolu du site, le temple de Kailâsanâtha ? Avec une longueur de 45 mètres sur 30 mètres, c’est probablement une des plus grandes structures monolithiques du monde ! Rien n’a été construit, tout a été sculpté !

Si le site d’Ajanta est entièrement consacré au bouddhisme, Ellora réunit des sanctuaires dédiés aux bouddhisme, brahmanisme et jaïnisme témoignant de la tolérance religieuse de l’Inde ancienne. Là aussi, les prouesses techniques des excavations qui ont eu lieu en trois phases du Vie au XII siècle, forcent l’admiration. Les sculptures sont d’une incroyable finesse.

Les deux sites ont été classés au patrimoine  mondial de l’UNESCO en 1983. Si les touristes étrangers n’y sont pas légion, les autochtones s’y rendent en masse, sans  respecter la fragilité des lieux, mettant en danger cet héritage si précieux.

Coup de cœur

Le mausolée de l’amour

Le mausolée Bibi Ka Maqbara ressemble à une replique modeste du Taj Mahal.

Si la ville d’Aurangabad n’a que peu d’intérêt touristique, elle possède un autre bijou dans ses environs. Elle doit son nom à l’empereur mogol Aurangzeb qui y a résidé à partir de 1681. A quelques kilomètres de la ville, le mausolée Bibi Ka Maqbara abrite le tombeau de sa première épouse. Typique de l’architecture moghole, il ressemble au célèbre Taj Mahal d’Agra, en moins luxueux. Les marqueteries de marbre sont remplacées par des simples peintures, le marbre des constructions par du plâtre. Visiblement, l’empire moghol avait entamé son déclin. Mais tout le site dégage un charme attachant, bien plus que le Taj Mahal plus grand, plus imposant.

Le jardin respecte l’architecture moghol avec ses quatre allées, ses bassins, fontaines et jets d’eau (qui ne fonctionnent pas toujours…). A l’intérieur du monument, sous le dôme, la tombe de l’épouse est recouverte de billets d’argent. Les nombreux visiteurs musulmans (Aurangzeb était un musulman orthodoxe très conservateur) sont friands de « selfies » avec les rares visiteurs étrangers (tout comme les touristes hindous aux grottes d’ailleurs). Les mères vous placent leur bébé dans les bras, avant de poser fièrement à vos côtés… Très peu parlent anglais mais tous essayent de communiquer un minimum. Alors on reste pour partager une tasse de chaï, du thé … après avoir vérifié discrètement que l’eau a bien bouilli…

Infos pratiques

  • Sortir des circuits traditionnels même si on n’a pas l’habitude de voyager seul n’est pas un problème si on s’adresse à un tour opérateur compétent. « Définition Asie » propose des circuits privatifs sur mesure avec chauffeur et guide pour partir en toute sérénité.  Tél. : +33 (0) 3 89 36 10 64 contact@definition-asie.comdefinition-asie.com

Y ALLER

  • Pour se rendre à Aurangabad depuis Mumbai, la capitale du Maharashtra (Bombay), deux solutions : l’avion, plus rapide, ou le train, moins cher et une aventure en soi.
  • Meilleure saison : de mi-novembre à fin mars

DORMIR

  • Une bonne adresse, l’hôtel Ambassador Ajanta à Aurangabad. Les grottes d’Ajanta se trouvent à une centaine de kilomètres d’Aurangabad, celle d’Ellora à une trentaine.
  • Possibilité de rejoindre les grottes par bus (pas forcément climatisé mais pas cher) ou par taxi (plus rapide et vous pouvez demander au chauffeur de vous attendre pour retourner à Aurangabad à votre convenance). Prenez le taxi dans un hôtel de bonne réputation ou à une station de taxis officielle et négociez le prix à l’avance. Veillez à ce que le chauffeur mette en route le compteur.
  • Généralement le tarif des bus et des entrées est plus élevé pour les étrangers que pour les autochtones. Il serait dommage de s’en offusquer, le niveau de vie du pays étant bien plus bas.

Formalités 

  • Passeport valable encore au moins 6 mois après le retour prévu et disposant de 3 pages vierges ; l’e-tourist visa permet des séjours jusqu’à 90 jours et toutes les formalités se font (en anglais) en ligne sur le site http://indianvisaonline.gov.in . Imprimer l’e-mail de confirmation pour l’emporter. Possibilité de passer par une agence https://www.action-visas.com/visa/Inde-e-Visa
  • A l’aéroport d’arrivée : surtout ne pas suivre la masse des voyageurs mais repérer le fléchage « E-Tourist Visa »
Ellora et Ajanta, des temples magiques
Un reportage de Ursula Laurent