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Jean-Marc Toussaint

Le Périgord, ce pays de cocagne

# Voyage Héritage

# Dordogne

Haut-Lieu de la préhistoire, le Périgord est une terre d’abondance. Châteaux et paysages y sont sublimes, la gastronomie épatante. Voici six bonnes raisons d’y séjourner.

Le jardin de Marqueyssac et ses 150 000 buis.

Sarlat

C’est le passage obligé du Périgord. Deux millions et demi de visiteurs s’y pressent chaque année. Il faut dire que la ville construite au Moyen-Âge, remaniée à la Renaissance, est un témoin précieux de neuf siècles d’histoire. Avec sa pierre calcaire blonde, ses toits de lauzes, ses hôtels particuliers, la cité labellisée « ville d’art et d’histoire » est un vrai décor de cinéma qui a inspiré nombre de producteurs, dont les studios Disney.

Lascaux et les autres

Au cœur de la Vézère, c’est LA référence universelle de l’art pariétal. La grotte, découverte en 1940 par quatre adolescents, abrite un bestiaire de génie réalisé il y a environ 18.000 ans. On y dénombre 1.963 œuvres, dont 915 montrant des animaux. La beauté des peintures, avec une palette technique remarquable, lui a valu le titre de chapelle Sixtine de la préhistoire. Et ce n’est plus l’original que l’on voit mais sa copie. Mais le Périgord c’est bien plus que Lascaux, son porte étendard. On dénombre dans ce territoire un nombre impressionnant de sites préhistoriques. Il y a bien sur les Eysies considéré comme la capitale mondiale de la préhistoire. C’est dans ces habitats troglodytes que fut découvert l’homme de Cro-Magnon. Ne manquez pas le musée national de la préhistoire qui rassemble 12000 objets retraçant 400 000 ans d’histoire. 

Les insolites

Les cabanes du Breuil, étonnantes maisons coniques en pierres, recouvertes de lauzes, vieilles d’au moins six siècles. Leur construction par encorbellement, unique en France, leur a valu d’être classées monument historique. Le site est devenu un lieu d’étude de la construction en pierre sèche. Une voûte romane y a été récemment construite.

Autre curiosité, cette fois dans les jardins de Marqueyssac, où est exposé le squelette complet (ce qui est rarissime) d’un allosaure vieux de 150.000 ans. Découvert en 2013 dans le Wyoming, ce squelette a coûté 2,5 millions d’euros à son propriétaire.

Les châteaux

Il y en a partout. Plus de 1.000 en Dordogne, soit 11 % des châteaux français. Avec, ici et là, quelques merveilles : Castelnaud (le château des Anglais pendant la guerre de Cent Ans), Beynac, la résidence de Richard Cœur de Lion, le château des Milandes, un temps propriété de Joséphine Baker, ou encore celui de Jumilhac, le château de l’alchimiste avec sa construction et ses décors codifiés.

Les jardins

Au fait d’un escarpement rocheux, ont été aménagés les jardins de Marqueyssac, une vaste promenade rythmée par des bosquets formés de 150.000 buis vieux de 300 ans, tous taillés à la main. Leurs circonvolutions fantastiques aux formes moutonnantes s’étendent sur 22 ha et conduisent à une série de balcons dominant la Dordogne. Ce jardin est prolongé par un autre tout aussi étonnant, à quelques kilomètres de là, à la Roque-Gageac. À l’abri de la falaise calcaire qui restitue la chaleur accumulée dans la journée, et grâce à des résurgences d’eau, un jardin tropical a été aménagé dans les années 70. En plein Périgord, s’épanouissent cactus, mandariniers, grenadiens, papyrus, palmiers dattiers, yucca géant… On y récolte même des bananes !

Le gouffre de Proumeyssac

Grandiose voûte souterraine découverte en 1907, mise en valeur par un superbe son et lumière. Outre une impressionnante forêt de stalagmites, on y découvre des coulées accrochées aux parois, des fontaines pétrifiantes et de très rares concrétions triangulaires. Un tunnel permet d’accéder au site, mais on peut aussi descendre par une nacelle. Les visites guidées et commentées durent une quarantaine de minutes.

Le coeur de la France gourmande

La Périgord regorge de produits d’excellence. Outre la truffe noire, la Dordogne est aussi un pays d’asperges, de châtaignes, de cèpes… C’est aussi le premier département français pour la production de fraises et le deuxième pour les noix. Mais ce qui fait du Périgord le saint des saints de la France gourmande, ce sont ses volailles. Ici, oies et canards se déclinent de mille manières. L’une des plus fameuses est la tourtière. Dans une pâte feuilletée, on cuit un savant mélange de confits, de magrets, de gésiers, de foie gras, de salsifis et de pommes de terre. Le tout arrosé d’une sauce périgueux.

En Périgord, on se délecte d’un cœur d’oie revenu à la plancha, d’un enchaud (un rôti de porc aillé revenu dans la graisse de canard), d’un tourin (une soupe à l’ail et à l’oignon réalisée à la graisse d’oie) ou encore de fines tranches d’un jambon fumé de cul noir (un cochon de type ibérique). Même si le plateau de fromages n’est pas aussi riche qu’en Auvergne, on y trouve quelques jolies appellations : le trappe d’Échournag, une tomme au lait de vache affinée et essuyée à l’alcool de noix par des moniales trappistes, mais aussi le cabécou, un fromage de chèvre au lait cru que l’on arrose volontiers d’un vin de Bergerac. À découvrir également, le caviar « made in Dordogne », produit par deux élevages d’esturgeons.

Coup de cœur

Dormir dans une station Prouvé

Deux frères ont acheté, retapé et transformé en maison de vacances, une station Total construite par l’architecte et designer, Jean Prouvé. La maison, installée à Angoisse est la première du genre à être ouverte à la location.

Au détour d’une route sinueuse du Périgord vert, se dresse une ex-station Total, construite au début des années 70 par Jean Prouvé. Perdu dans la campagne, le bâtiment cylindrique blanc monté sur deux niveaux interpelle autant les fans de design et d’architecture contemporaine que les esprits non préparés. La structure préfabriquée et modulable, montée autour d’un puits central et supportée par des poutrelles périphériques, abritait jusqu’en 2010 un pompiste de Molsheim, en Alsace. Achetée aux enchères pour 36.000 euros la construction coule une seconde vie en Dordogne à proximité d’un parc de 28 hébergements insolites (cabanes perchées ou sur l’eau, yourtes…) bâti par Olivier Loux, il y a près de 25 ans.

« Mais avant cela, il a fallu démonter la construction à Molsheim, décaper les panneaux en fibre de verre, refaire les soudures, repeindre les escaliers, les poteaux, remplacer les vitrages… », énumère Pascal Loux. Sur place, le bâtiment en treize facettes a été remonté en moins d’une semaine sur des plots de béton. Il a fallu ensuite l’isoler, installer salle de bains, wc, système de chauffage. Louée depuis 2019, la station est meublée avec des poufs en forme d’œuf, du mobilier signé Zublena, Pantone ou Dominique Prévost, en phase avec l’utopie du tout plastique de l’époque.

La reconstruction adaptée à sa nouvelle destination touristique n’en a pas été moins respectueuse de l’architecture d’origine, basée sur une logique de fonctionnalité qui met en avant une esthétique épurée. Bref, c’est simple avec une réelle fluidité dans l’espace comme l’avait voulu Jean Prouvé, qui a construit une centaine de ces stations à la demande du groupe pétrolier qui ne voulait plus se cantonner à la simple distribution de carburant, mais aussi offrir aux clients des espaces de restauration, de repos et de services.

La particularité des stations Prouvé est d’être posée sur une structure métallique autoportée. Pour rappeler l’origine de la maison, une pompe à essence a été installée à l’extérieur. L’endroit est également doté d’une piscine et d’un spa privatif extérieur. Cette maison de vacances de 150 m² peut héberger dix personnes.

Infos pratiques

En 2 CV

Une balade en 2 CV avec chauffeur, agrémentée de découvertes insolites et de haltes gourmandes. C’est ce que propose l’agence perigourmet.. Pour en savoir plus : www.perigourmet.com.

La maison de Marquay

  • Chambres d’hôtes haut de gamme avec service hôtelier et un restaurant gastronomique d’un excellent rapport qualité prix. www.maisondemarquay.fr

Balade en swincar

  • Partez à la découverte des châteaux et des villages en Swincar, un engin électrique à mi-chemin entre le karting et le buggy. Facile à manier, passe-partout et excellente sensation. Toutes les visites sont guidées. Renseignements sur www.ecorando24.fr

L’auberge du Peyrol

  • A Sergeac, cette auberge vintage est restée dans son jus avec ses inusables nappes à carreaux. Dans l’assiette c’est la tradition périgourdine qui prend ses aises. C’est rustique, mais authentique et gouteux.

La descente de la Vézère en canoé

  • Plusieurs parcours de 8,12,17 et 20 km au départ de Montignac. Deux loueurs, Kanoak et Sept Rives sont installés à la base nautique.
  • Plus de renseignements sur la destination sur www.dordogne-perigord-tourisme.fr
Le Périgord, ce pays de cocagne
Un reportage de Jean-Marc Toussaint