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Jean-Marc Toussaint

L’Aveyron au service de la tradition

# Voyage Héritage

# Aveyron

Le Nord de l’Aveyron est un morceau d’Auvergne en Occitanie. Une sorte de « midi moins le quart ». Plus frais, mais aussi plus authentique. Voici quelques bonnes raisons de s’y rendre.

Le plateau de l'Aubrac a été façonné par un ancien volcan.

Les paysages de l’Aubrac

Ancien glacier dont l’épaisseur approchait les 300 m, ce plateau de 3.000 km2, qui s’étend de la Lozère au Cantal en passant par l’Aveyron, a des airs d’Irlande. Situé entre 1.200 et 1.400 m d’altitude, il déroule des prairies vallonnées, ceinturées de murets en pierres sèches, d’où émergent ici et là les burons, des anciennes fermes d’altitude. Façonné par le pastoralisme, le plateau est recouvert de fleurs au printemps, et offre des paysages à couper le souffle. On y dénombre plus de 2.000 plantes différentes.

Les villages

Il y a quantité de villages pittoresques : Estaing et son château, ancienne propriété du président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, Espalion pour son palais renaissance, son pont vieux (daté du VIIIe siècle et son église de Perse en grès rouge, dotée d’un clocher peigne et d’un tympan de toute beauté). Citons également, le village médiéval de Saint-Côme-d’Olt, celui de Belcastel qui dégringole vers l’Aveyron dans un désordre architectural et poétique. Au total, dix villages sont classés « Plus beaux villages de France », ce qui place l’Aveyron au premier rang national en la matière à égalité avec la Dordogne.

Les insolites

L’église romane de Saint-Urcize, qui abrite le calice utilisé au temple lors de la célébration donnée pour Louis XVI avant qu’il ne soit guillotiné, ou encore le Trou de Bozouls, un canyon en fer à cheval d’une centaine de mètres de profondeur, qui coupe le village en deux ! Ou encore l’émission du dimanche matin sur Radio totem diffusé en patois ! L’occitan est d’ailleurs toujours enseigné à l’école, preuve que les traditions sont encore très ancrées en Aveyron.

La cuisine

En Aveyron l’art de la table est inscrit dans les gènes. En Aubrac, on retrouve les classiques auvergnats : l’aligot, cette purée de pommes de terre à l’ail, additionnée de tomme fraîche, les tripoux (tripes de mouton et farce) cuits au vin blanc dans des boyaux, la fallette (de la poitrine farcie de lard, d’œufs et de bettes), sans oublier les terrines, la viande séchée de bœuf. Côté fromage, il y a le laguiole (lire ci-dessous), que l’on arrose volontiers d’un vin de Marcillac ou d’Entraygues (l’une des plus petites AOP de France). En dessert, il y a la rissole (un chausson à la pâte sablée remplie de purée de pruneaux) ou encore la fouace, une brioche compacte parfumée à la fleur d’oranger.

La cathédrale de Rodez

Pour les Ruthénois (les habitants de Rodez) c’est la huitième merveille du monde. Ce joyau de l’art gothique en grès rouge, débuté en 1277 et achevé trois siècles plus tard, est dominé par un clocher de 87 m. Elle abrite le plus grand orgue de France, des chapelles remarquables et des vitraux contemporains saisissants dessinés par Stéphane Belzère. Sa rosace a par ailleurs inspiré les pâtissiers de la ville qui en ont fait un gâteau de pomme, de châtaigne et de noisette, appelé la Mandarelle.

Le laguiole

C’est à la fois un couteau et un fromage. L’un comme l’autre ont failli disparaître. En 1950, la production fromagère de Laguiole était tombée à 50 tonnes. La coopérative Jeune Montagne, fondée en 1960, a totalement relancé ce fromage AOP. Désormais, la production a repassé la barre des 700 tonnes annuelle, récompensant la qualité d’une appellation qui a su préserver l’essentiel : une fabrication au lait cru et entier, et un nourrissage des vaches qui proscrit l’ensilage. Aujourd’hui, la quasi-totalité de l’appellation est regroupée au sein de la coopérative qui produit également de la tomme fraîche et le fameux aligot. L’autre emblème de la région, le couteau de Laguiole, créé en 1820, est aujourd’hui mondialement copié. Les productions asiatiques à bas prix n’ont pourtant rien de comparable avec un vrai Laguiole. Il y a encore quarante ans, seuls quelques assembleurs perpétuaient la tradition avec des pièces produites à Thiers ! Depuis 1987, deux forges (Honoré Durant et la forge de Laguiole) se sont mises à refaire des couteaux dans la tradition. Désormais la filière emploie près de 200 personnes et cherche à obtenir une IG (indication géographique). La coopérative Jeune Montagne et la manufacture de couteaux Honoré Durant proposent des visites gratuites avec dégustation pour la fromagerie et prolongement dans un petit musée pour la coutellerie.

Coup de cœur

Conques, la beauté en plus

Quelle émotion quand on découvre depuis la route en surplomb le petit village de Conques. Niché au creux de la vallée de l’Ouche, dans un écrin de verdure, Conques affiche fièrement ses belles demeures construites en gré rouge et coiffées de solides toits de lauzes. Entre ruelles et escaliers, l’harmonie architecturale est quasi parfaite. Mais le must reste la sublime abbatiale dont les vitraux ont été réalisés en 1994 par l’enfant du pays, Pierre Soulages.

Sur la façade principale, le tympan qui représente le jugement dernier donne le ton. Le travail de sculpture est d’une finesse remarquable. A l’intérieur, le vaisseau épuré et tout en verticalité donne une majesté certaine à l’édifice qui abrite par ailleurs un exceptionnel trésor de reliquaires en pierre et métaux précieux. L’abbatiale, classée au patrimoine mondiale de l’humanité par l’UNESCO a servi de modèle à bien d’autres basiliques, notamment celle de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Infos pratiques

L’Annexe à Aubrac

  • Cinq chambres d’hôtes décorées comme des cabinets de curiosité. Il y a quantité de pièces chinées et insolites, mais aussi des pièces remarquables, comme ces portes sculptées et polychromes rapportées d’Inde. À la fois authentique et très branchée, cette maison dispose également d’une brasserie et d’un bar. www.lannexedaubrac.com

Balade médiévale

  • Peyrusse-le-Roc est un village accroché à la montagne et abandonné depuis le début du XVIIIe siècle suite à la fermeture des mines d’argent qui le faisaient vivre. Aujourd’hui il reste des ruines, des remparts, des tours, les reste de la synagogue, de l’église et des demeures pour l’essentiel bâties à l’époque médiévale. Il n’y a pas de route pour s’y rendre. Comptez 1 h 30 à pied. Audioguide au café restaurant Savignac dans le village moderne de Peyrusse-le-Roc. Visite assez émouvante dans les pas de génération de mineurs qui ont jadis peuplé ce lieu.

La ferme-auberge de la Mejanassère

  • Jolie maison perchée sur les hauteurs d’Entraygues-sur-Truyère. Gîtes et chambres d’hôtes de charme aménagés par Véronique et Frédéric Forveille, qui exploitent également 4 ha de vigne. Le domaine produit des vins blancs, rosés, mais aussi des rouges issus notamment du mansois. Belle table avec pâté maison, porcelets et volailles à la broche. www.domaine-de-mejanassere.fr

La maison de la photo Jean-Marie Perrier

  • Bel hommage à ce photographe originaire de Villeneuve d’d’Aveyron. Dans une maison médiévale de son village natal sont exposés près de 200 clichés de stars du rock et de la variété des années soixante et soixante-dix. On retrouve Dutronc en play boy, Françoise Hardy et Sylvie Vartan déguisées en Bécassine, Johnny, mais aussi quantité de stars internationales : les Rolling stones, les Beatles, Bob Dylan, Chuck Berry pour n’en citer que quelques-uns. Un film vidéo présente également la vie de ce photographe étonnant.

La maison d’hôtes du Presbytèreà La Bastide-l’Évêque

  • Charmante maison aménagée avec goût. Superbe jardin. Caroline est au petit soin et propose une belle cuisine de terroir. Pour l’apéritif, laissez-vous tenter par l’étonnant vin de lavande de son mari. www.chambresdupresbytere.fr

Le buron de Camejane

  • Le buron est à l’origine une petite maison de pierre utilisée par les paysans lors des estives et destinée à abriter les hommes et à fabriquer le fromage. En 1930, on en dénombrait près de 300. Il n’en reste qu’une dizaine, dont quelques-unes sur le plateau de l’Aubrac qui ont été aménagées en table d’hôtes. C’est le cas du buron de Caméjane à Saint-Chély-d’Aubrac ou l’on déguste l’aligot traditionnel cuit au feu de bois et la charcuterie maison parmi les anciennes mangeoires à bestiaux. Difficile de trouver plus authentique. Réservation conseillée. www.buron-en-aubrac.com
  • Plus de renseignements sur la destination sur www.tourisme-aveyron.com
L’Aveyron au service de la tradition
Un reportage de Jean-Marc Toussaint