HTML STATIC

Claude Vautrin

Andalousie, désert et marbre blanc

# Voyage Nature

# Espagne

Qui dit Andalousie, dit, pour beaucoup, culture et patrimoine d’exception, soleil et plages. Andalousie rime aussi avec nature à l’envi. C’est à cette invite-là que nous vous convions, entre le désert de Tabernas, les hauteurs de Calar Alto, le marbre blanc, le nord et ses attraits…

Le château médiéval de Banos de la Encina, ancienne forteresse omeyyade du Xe siècle

Une floraison sauvage, de blanc vêtue, dément l’apparente stérilité du désert de Tabernas, au cœur de l’Andalousie. L’aridité des lieux abrite une autre plante, blanche, elle aussi, en forme de cierge, le cistanche. Un parasite en fait se nourrissant avec ses racines de la sève d’autres plantes. Le voyage est ainsi fait de surprises, loin d’inquiéter. Dans la Sierra de Macael, réputé pour ses marbres blancs, deux chèvres sauvages ibériques s’offrent une virée de fin d’après-midi sous la lumière crue du soleil en partance. Je m’en régale, à l’instar du cavalier aux trois chiens croisé la veille du côté du lac Rumblar, plus au nord. Voilà qui éloigne, non sans bonheur, de cette satanée poussière rouge du monde. Voilà une des vertus de la découverte d’une Andalousie méconnue, sans rapport avec le trop plein de visiteurs qui envahissent parfois l’Alhambra de Grenade, les ruelles de Séville, ou le centre historique de Cordoue. Ici l’instant se vit avant tout au naturel.

Les bons filons de Macael

Le blanc donc, pas une couleur, mais une nuance, dit-on. Du haut des collines aux villages à la blancheur immaculée, ou sur les rondeurs de l’observatoire astronomique de Calar Alto, elle sait se mêler, en les valorisant, aux autres teintes marquantes de la région : le bleu du ciel, des lacs et des rivières, le vert des oliveraies sans fin, l’ocre beige des forteresses médiévales, témoins des mouvements qui agitèrent cette région-frontière, ou encore le blond des raisins secs d’un gaspacho blanc andalou.

Le blanc s’impose même dans les profondeurs terrestres. Il faut il est vrai aller le chercher, le libérer. Bienvenue à Marmorland, dans la province d’Almeria. Capitale Macael, un peu plus de 5000 habitants, des zones artisanales et industrielles dédiées au marbre blanc. Ici tout l’est : les pistes veinant le relief, le mortier colossal de 3,5 mètres de haut, d’un poids de 36 tonnes, planté au centre d’un carrefour vivant de la cité, figurant dans le Livre Guinness des records mondiaux, et surtout les immenses carrières entaillant, tranchant, meurtrissant la sierra, pour la bonne cause !

L’histoire remonte aux temps romains. Depuis, le 19ème siècle surtout, des générations se succèdent sur les chantiers qui font la richesse de la ville, les affaires des entreprises concessionnaires, et la fierté des hommes. « Pour dénicher les meilleurs filons, il faut comprendre la montagne, comme un sourcier cherche l’eau ». Dominant une de ces carrières monumentales, un dolmen de marbre blanc, cela va de soi, œuvre de l’architecte Santonja, se veut « la grande table qui reçoit le firmament et abrite l’homme ». L’artiste a dit.

Vive l’astrotourisme !

Calar Alto, 2168 mètres d'altitude: le ciel le plus pur du continent européen

Puisque le ciel s’invite, direction Calar Alto, où la nature est logiquement cosmique et étoilée. Via Seron et son savoureux jambon, à 56 km de là, la virée rejoint les hauteurs à deux pas des 2168 mètres du sommet de la province. Par temps favorable, le panorama court jusqu’à la côte africaine, mais l’essentiel est ailleurs, au cœur des télescopes d’un Observatoire astrophysique reconnu internationalement depuis son inauguration en 1975. « Ici le ciel est le plus clair de tout le continent européen ». L’Andalousie s’attache donc à séduire aujourd’hui les astrotouristes dont le nombre ne cesse d’augmenter. L’attrait est certain, sous la conduite d’un guide et astronome avisé. Un plus assurément qui ravit également les adeptes du mototourisme, sous le charme des routes de montagne « de caractère » à parcourir pour s’offrir la découverte du cosmos. Diurne et nocturne, cette dernière s’avère en tout cas un pan lucratif de la diversification de l’offre touristique régionale.

Le défilé El Cantaril

Le plaisir de la marche en fait partie. Non loin, une randonnée panoramique dans la Serra de los Filabres permet, elle aussi, de prendre de la hauteur. Pourquoi s’en priver ? Des voies vertes ravissent, quant à elles, les amateurs de cyclotourisme. Réputé pour son jambon de haute qualité gustative, Serón, dans la vallée de l’Almanzora, en est une porte conseillée. Pour son château nasride du 13ème siècle, arabe donc, ses ruelles mystérieuses, son décor de pins, d’orangers, de grenadiers et un sentier panoramique dominant l’impressionnant défilé El Cantaril.

De magnifiques huiles d’olive

Au nord de Jaén, la capitale de la province éponyme, la Sierra Morena est tout aussi propice aux randonnées en tout genre. Sauvage et isolée, refuge du lynx pardelle, du loup ibérique, de l’aigle royal, elle abrite plusieurs parcs naturels protégés, non sans voisiner d’immenses plantations d’oliviers. La seule province de Jaén en compte 66 millions. Un terreau plus que favorable à l’oléotourisme. A Villanueva de la Reina, chez Oro Bailen, le moulin a su conserver le savoir-faire de la préparation et de la production de magnifiques huiles d’olive extra-vierge. De quoi céder facilement, au cours de la visite, aux plaisirs olfactif et gustatif de variétés insoupçonnées, d’arômes herbacés, de notes fruitées : Picual, Arbequina, Frantoïo, Hojiblanca… Tout un univers complexe prêt à se dévoiler !

Retour à l’âge du bronze

Banos de la Encina et son château

Si la région de Jaén regorge de sites historiques, châteaux, villages aux ambiances médiévales - citons Baños de la Encina, Sabiote, sa magnifique enceinte fortifiée et sa forteresse, joyau de la Renaissance, Segura de la Sierra et son promontoire rocheux… - un site archéologique joue la différence pour une plongée dans… l’âge d bronze. On rejoint Peñalosa et ses terrasses en kayak via le lac qu’elles dominent, ou à pied le long de l’ancienne rivière Rumblar, pour un flash-back saisissant sur les conditions de vie d’alors, et les savoir-faire qui y étaient développés (exploitation minière, métallurgie, céramique…).

Si la nature est généreuse en cette Andalousie du nord, Jaén, la capitale provinciale, abrite, elle aussi, de quoi satisfaire l’esprit. Une halte au Musée Provincial, à vocation archéologique notamment, permettra de compléter les connaissances. Quant à la déambulation, sur les hauteurs du château Santa-Catalina et dans le centre historique, via la cathédrale, la Juderia, l’ancien quartier juif, les bains arabes, elle enseignera plus encore sur les vertus patrimoniales du multiculturalisme.

Coup de cœur

Balade matinale à Tabernas

Une rambla aride en éveil matinal, dans le désert de Tabernas

L’Europe a son désert reconnu par les scientifiques. Son nom ? Tabernas. Sa localisation ? Une trentaine de kilomètres au nord d’Alméria. Précieuse est l’Andalousie qui, à peu de distance de ses villes emblématiques, ouvre des horizons de terres inviolées, si ce n’est par les déjà vieilles rumeurs d’un tournage. Le décor n’a pas manqué de séduire des réalisateurs de renom, façon Sergio Leone et ses westerns spaghetti. On peut alors en famille se laisser porter par l’ambiance Far West des anciens lieux de tournage devenus parcs d’attraction : Fort Bravo, ou le parc à thème Oasis Park, à Mini Hollywood. Mes préférences vont à une balade matinale dans une rambla aride en éveil, l’ascension du Pic Alfaro, dominant le désert de ses 744 mètres d’altitude, une marche attentive à la présence d’un aigle, d’un grand-duc ou d’une chèvre sauvage ibérique.

Des cicatrices subliment parfois le paysage, quand s’offre à la vue la lente maturation de fontaines pétrifiantes, dont le goutte à goutte d’une source souterraine forge depuis des lustres une œuvre de toute beauté. Gorges, grottes, ravins, étendues rocheuses aux conditions extrêmes, aux panoramas spectaculaires, aux croûtes salines, n’excluent en rien une vie végétale et animale, aussi sauvage qu’apte à réveiller l’imaginaire. Une mer, aux eaux turquoise, à la riche biodiversité, s’épanouissait il y a huit millions d’années ici, entre les Sierra Alhamilla et de Filabres ! 

Infos pratiques

Contact

  • Office espagnol du tourisme
    Tél : 01 45 03 82 50 – paris@tourspain.eswww.spain.info/fr
  • Tourisme Andalousie
    https://www.andalucia.org/fr/accueil
  • Informations pratiques
    Vols Paris/Almería via Transavia ou Paris/Malaga via Transavia, Vueling, easyJet, Air France, Iberia, Lufthansa.
    EasyJet et Vueling Airlines proposent des vols pour l’Andalousie depuis l’EuroAirport de Bâle-Mulhouse.
    Monnaie locale : l’euro.
    Moyens de paiement : La CB est acceptée dans la majorité des commerces, hôtels et restaurants.
    Documents requis : Carte d’identité ou passeport en cours de validité.
    Période idéale : de septembre à juin.

À voir

Restaurants / Bars

  • Jaén
    Parador of Jaén
    Adresse : Castle of Santa Catalina, 23001 Jaén, Espagne
    Tél : +34 953 23 00 00
    https://paradores.es/en/
  • Baños de la Encina
    Restaurant El Bury
    Adresse : C/Bailén 6, Baños de la Encina
    Tél : 626 21 94 01
    www.buryrestaurante.com
  • Sabiote
    Restaurant Molino del Albaicín
    Adresse : C. Castillo, 4, 23410 Sabiote, Jaén, Espagne
    Tél : +34 953 07 34 61
    www.hotelmolinodelalbaicin.com
  • Bailén
    Hôtel Salvador
    Adresse : Carr. Madrid Cádiz, 294, 23710 Bailén, Jaén, Espagne
    Tél : +34 953 67 90 11
    www.hotelsalvadorbailen.com
Andalousie, désert et marbre blanc
Un reportage de Claude Vautrin