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Ursula Laurent

À la recherche d’Alexandre le Grand

# Voyage Héritage

# Grèce

En Grèce, vacances riment avec mer, montagne, gastronomie, mythologie et culture. Dans la région de Macédoine au nord du pays, suivre les traces d’Alexandre le Grand permet de découvrir le pays loin des sentiers battus.

Stagire. Est-ce d'ici qu'Alexandre le Grand a scruté l'horizon?

La Macédoine grecque n’est pas (encore ?) très courue par les touristes français qui lui préfèrent les îles des Cyclades plus « cartes postales ». Située dans le nord de la Grèce, la Macédoine avec les trois péninsules de la Chalcidique, est pourtant riche en trésors culturels, naturels et gastronomiques. En quittant l’aéroport de Thessalonique à bord d’une voiture de location (sans stress, les directions sont bien indiquées), la route passe par de vastes étendues cultivées avec des oliveraies à perte de vue, des champs de tournesol.

Amphipolis, base navale d’Alexandre le Grand

Première étape, Amphipolis, à 90 minutes de Thessalonique. La petite ville tranquille est un des sites archéologiques majeurs de la Grèce. Pourtant son nom n’est guère connu en-dehors du pays ! Probablement parce qu’on y cherche en vain des vestiges majestueux comme à Athènes ou Delphes. Amphipolis était de tout temps convoité pour les mines d’or et d’argent de ses montagnes, le bois de ses forêts pour la construction navale. Son histoire est émaillée de combats acharnés, de massacres, d’intrigues et d’alliances politiques. En 357 av. JC, c’est le roi de Macédoine Philippe II, père d’Alexandre, qui s’empare de la ville. L’or allait financer la campagne d’Alexandre contre les Perses et sous son règne, la cité devient aussi une base navale importante d’où partent ses immenses flottes.

Dommage, le petit port à l’embouchure du fleuve Strynoma est impraticable suite à l’envasement dû aux alluvions. Les projecteurs du monde historique se sont braqués sur la petite ville lors de la découverte d’un important monument funéraire richement orné. Mais les premières fouilles menées en 2014 ont déçu les espoirs : il ne s’agit pas du tombeau d’Alexandre le Grand. Ailleurs sur le site, quelques vestiges sont cachés dans les herbes folles : le tracé de quatre basiliques, une rotonde, des mosaïques… Seul l’immense lion taillé dans du marbre de Thasos témoigne de l’ancienne importance d’Amphipolis qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Les trésors sommeillant sous terre n’attendent que les fonds financiers nécessaires pour être mis à jour.

Philippes, ville grecque devenue colonie romaine

En 365 av. J.-C., le père d’Alexandre le Grand a fondé une autre ville qui porte son nom, Philippes. La cité fortifiée se trouvait sur un axe très important, la Via Egnatia reliant l’Europe à l’Asie. En 42 av. J.-C., après la bataille entre Brutus et Cassius et les héritiers de César, Antoine et Octave, la ville devient une colonie romaine, se développe comme une copie de Rome avec des forums, des temples grecs et romains, un théâtre, une basilique, des églises catholiques, des commerces et le … cachot où fut emprisonné l’apôtre Paul. Tout le site fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO et mieux vaut prévoir du temps pour le parcourir !

Philippes. La ville a accueilli les plus grands rois de la Grèce antique.

Aristote, le philosophe de Chalcidique

La quête d’Alexandre le Grand mène dans la bien belle région de Chalcidique. L’ancienne cité de Stagire près de la petite station balnéaire Olympiada, a vu naître Aristote, un des plus grands penseurs du monde occidental. Son rapport avec Alexandre ? Il était son précepteur. Les vestiges de Stagire mis à jour lors de fouilles depuis 1990 sont cachés dans la végétation d’une colline qui surplombe la mer.

Un sentier très bien aménagé parcourt cette nature exubérante. Si les ruines n’ont rien d’extraordinaire, la balade à travers la forêt méditerranéenne avec des points de vue époustouflants est un ravissement. Tout en admirant les magnifiques vues sur la mer et les îles qui se profilent au loin, on se surprend à rêver : Alexandre se tenait-il à ce même endroit pour scruter l’horizon ? C’est à Stagire que celui qui a dit “La nature ne fait rien sans objet”, aurait initié le jeune Alexandre dans les vertus des plantes et baies sauvages. Un savoir qui peut s’avérer bien précieux lorsqu’on part pour de longues campagnes.

A quelques kilomètres de là, à Stagira-Akanthos, un petit parc thématique avec des instruments interactifs permet de comprendre quelques règles de physique mentionnées par Aristote : des disques optiques, des sphères inertielles, un pentaphone, des réflecteurs paraboliques, bref, de quoi s’amuser si vous passez par là. Le parc se trouvant en hauteur, la vue sur le golfe d’Ierissos est magnifique. En utilisant un des télescopes du site, on peut même apercevoir quelques monastères du Mont Athos, notre prochaine étape.

Mont Athos, la république monastique réservée aux hommes

Les trois péninsules dans le sud de la Chalcidique font le charme de cette région qui fait partie de la Macédoine : Aktè, Sithonia et Kassandra. C’est la première qui est connue dans le monde entier pour la République monastique du Mont Athos dans laquelle environ 2000 moines orthodoxes grecs, bulgares, roumains, russes, serbes et autres, résident dans les 20 principaux monastères et des ermitages. Selon la mythologie grecque, le géant Athos aurait lancé un énorme rocher à la face du dieu Poséidon. Mais il le loupe, le rocher tombe dans la mer et forme une montagne, le mont Athos qui culmine à 2000 mètres. Un site visité évidemment par Alexandre le Grand. On lui aurait alors proposé de sculpter son effigie au sommet. Dommage, cela ne s’est jamais fait, c’eut été l’apothéose de la croisière le long de ses côtes, seul moyen pour les femmes et les touristes de pouvoir admirer les six monastères visibles depuis la mer. Des jumelles permettent de découvrir des chapelles, des bâtiments annexes, des serres plus haut sur les pentes abruptes. Si la présence féminine n’est pas souhaitée dans la république pour ne pas tenter les moines, ceux-ci n’hésitent pas de venir s’amarrer au bateau de croisière pour leur vendre quelques souvenirs….

La République monastique du Mont Athos.

Après ce périple culturel à travers un tout petit pan de l’histoire d’Alexandre le Grand qui dévoile quelques sites majeurs de l’héritage hellénistique, il ne reste qu’à profiter du patrimoine naturel et gastronomique de la Chalcidique offert avec générosité sur les deux autres péninsules : Sithonia et Kassandra. Avec une préférence pour la première et ses nombreuses criques aux eaux cristallines, bordées de sable fin, ses petites tavernes qui font le bonheur des amateurs de poissons et de fruits de mer. Quant à Kassandra, proche de Thessalonique, elle est plus fréquentée et plus développée, avec des grands complexes hôteliers, des bars et… des touristes. Mais même là, en s’éloignant un peu, on trouve des baies cachées où il fait bon se poser pour laisser vagabonder son esprit à la recherche d’Alexandre, roi de Macédoine dont aucune statue se trouve tout au long de ce périple..

Coup de cœur

Kavala, surprenante ville portuaire

Kavala. Vue sur le cœur historique de la ville.

C’est à Kavala, principal port maritime de la Macédoine orientale, que l’apôtre Paul aurait accosté pour se rendre à Philippes, à une petite demi-heure. L’histoire de la ville était mouvementée, dû à sa situation géographique entre Thessalonique et Constantinople. Lombards, Francs, Ottomans et Vénitiens s’y succèdent. La ville portuaire accueille les entrepôts des marchands de Smyrne, d’Egypte. En 1922, après la « Grande catastrophe » (deuxième guerre gréco-turque), plus de 25000 réfugiés grecs de Turquie s’installent à Kavala.

En 1941, la ville est reprise par la Bulgarie, puis occupée par la Wehrmacht allemande. Un passé qui a forcément laissé des traces dans l’image urbaine. Mais il fait bon flâner au centre-ville moderne, où d’anciens entrepôts de tabac sont transformés en jolis centres commerciaux, où de magnifiques villas de style néoclassique témoignent de l’opulence des marchands de tabac. De l’autre côté d’un impressionnant aqueduc à deux étages, des ruelles montent à travers la vieille ville vers la forteresse byzantine, on tombe vite sous le charme de cette cité loin des critères d’un tourisme de carte postale. Un des avantages, on y mange très bien dans n’importe quel restaurant puisque rien n’est fait pour les touristes de passage. Les Grecs ne s’y trompent d’ailleurs pas et viennent volontiers à Kavala passer quelques jours de vacances sur ses belles plages dont le sable fut jadis exporté vers Mykonos !

Infos pratiques

Voyager

  • Prendre un vol pour Thessalonique, puis louer une voiture. Yalos Tours, une équipe francophone de professionnels du tourisme grecs sous la direction de Christos Panaretou, propose des excursions sur mesure et hors des circuits traditionnels. Informations au +30 210 9248 919  www.yalostours.com

Visiter

  • Amphipolis et son musée archéologique. Sur le site de la ville antique, à proximité de l’autoroute Thessalonique-Karaval. Ouvert en 1995, c’est un petit bijou qui rassemble de nombreuses découvertes du site depuis le néolithique mises en valeur par une belle scénographie.
  • Amphipolis, Serres, Τ.Κ. 65052, Amfipoli (Prefecture of Seres) http://odysseus.culture.gr/h/1/gh152.jsp?obj_id=3250 (en grec et en anglais) Une représentation en 3 D de la tombe sur www.youtube.com/watch?v=Kgm9yxJQDTw

  • La République monastique du Mont Athos. L’accès est strictement réglementé : par jour, seul 100 visiteurs orthodoxes et 10 d’autres confessions sont admis, munis d’un visa spécial - le diamonitirion – à demander au bureau des Pèlerins à Thessalonique. L’autorisation est accordée pour une date précise et une durée de 4 jours. Départ du ferry qui dessert les petits ports des monastères à Ouranoupoli sur la péninsule d’Aktè. Les visiteurs étant considérés comme des pèlerins, les moines leur offrent l’hospitalité. Une expérience inoubliable, d’autant que les monastères regorgent d’œuvres d’art : fresques anciennes, icônes, objets d’orfèvrerie, manuscrits enluminés… Depuis 1988, la République monastique est inscrite au patrimoine de l’Humanité comme un "haut lieu artistique" de "valeur universelle exceptionnelle". La péninsule la plus à l’est de la Chalcidique se trouve à environ 2 h de voiture de Thessalonique. Des croisières à une distance règlementaire de la côte, sont organisées deux fois par jour au départ d’Ouranopolis par Athos Seau Cruises.

Bonnes adresses

  • Olympiada : Manger : Restaurant Akroyiali, en bord de mer, Olympiada, au pied de la colline de Stagire. Vue imprenable sur la mer. Les spécialités du propriétaire, Dimitris : les moules d’Olympiada déclinées de plusieurs façons, du risotto de calamars et autres recettes familiales remises au goût depuis 1924 comme le calamar au miel et aux figues sèches. http://www.restaurant-akroyiali.gr/en/
  • Dormir : Hôtel Liotopi, gérée par Louloudia, la sœur de Dimitris qui fait goûter des « spoon sweets », des fruits confits au sirop, et des petites pâtisseries qu’elle prépare pour les clients de son petit hôtel. www.hotel-liotopi.gr
  • Ouranoupolis : Dormir : Aristoteles Holidays Resort & Spa. 240 chambres réparties dans des petits bâtiments de 3 étages maximum avec des toits en tuile, des façades avec du bois, des pierres naturelles afin de s’intégrer dans la nature. Jolie offre culinaire dans le respect de la cuisine grecque traditionnelle. Depuis la plage de l’hôtel, des petits bateaux emmènent les vacanciers sur les petites îles à proximité pour plonger, profiter des plages désertes. www.aristoteles.gr
  • Skites, petit hôtel-restaurant avec plusieurs petits pavillons dans un jardin fleuri. Chambres simples mais avec une literie confortable. La cuisine ouverte aux non-clients, propose de savoureux plats traditionnels comme des sardines en feuilles de vignes ou des pommes de terre aux fruits de mer (www.skites.gr)
  • Nikiti : Dormir : Acrotel Athena Pallas, 5 *, Akti Elisa, Nikiti, sur la plage d’Elia, à Sithonia. Tél. +30 231 601 0957 ; https://www.acrotel.gr/athena-pallas
  • Manger : Hierion. Pour les besoins d’un film, un monastère en miniature a été édifié sur le site de l’hôtel Acrotel. Après le tournage, le propriétaire a décidé de garder le bâtiment et d’y proposer une offre gastronomique hors du commun : diner avec les saints. Dans une ambiance byzantine, l’expérience gustative est unique. Le chef a créé des recettes différentes, inspirées des monastères du Mont Athos. Des plats aussi simples mais extrêmement goûteux comme cette  omelette aux herbes. Chaque plat est servi avec son vin dont plusieurs crus vinifiés au Mont Athos. Ce moment hors du temps est aussi accessible aux visiteurs qui ne sont pas clients de l’hôtel. Tel: +30 694 151 0009 ; https://www.acrotel.gr/porto-brava-luxury-villas/dining/
  • Kavala : Manger : Psaraki, ouzo bar + fish restaurant, restaurant dans le port de pêche de Kavala, magnifique vue sur la citadelle et excellents fruits de mer et de poissons.
  • Dormir : Bomo Tosca Beach Hotel, Leoforos Paliou 1 Un ensemble de pavillons et petits bâtiments construits à flanc de colline dans un environnement arboré, fleuri et impeccablement entretenu. Très belle vue sur la crique avec le bâtiment central où se trouvent les restaurants et les bars. Plage de sable fin. www.bomohotels.com
  • Batis Multiplex. Pour les plus jeunes, le camping Batis dans un parc arboré, donne sur la plage de sable d’une crique protégée. Terrain de jeux pour les enfants, taverne typique, bar branché. www.batis-sa.gr/el
À la recherche d’Alexandre le Grand
Un reportage de Ursula Laurent