
Le point commun entre Notre-Dame de Paris et une cafetière émaillée ? La vallée du Loir ! Une région paisible du département de la Sarthe, peu connue alors qu’elle ne se trouve qu’à 40 petits kilomètres au nord de la vallée de la Loire. Une région qui surprend par sa belle nature, ses musées insolites, ses petits châteaux. Sans oublier que la vallée du Loir, région des Rustines, se parcourt aussi à vélo : Louis Désiré Auguste Rustin y avait installé son centre de production. Plusieurs boucles permettent de découvrir en toute quiétude cette paisible contrée.
La forêt de Bercé
C’est une forêt d’exception, une des plus belles chênaies d’Europe dont huit chênes de 220 ans d’âge ont été abattus pour la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris. On pourrait se perdre dans ce vaste massif de 5400 hectares, quadrillés par des longues perspectives entrecoupées par des petits carrefours ! Pour mieux appréhender ce formidable patrimoine, un arrêt à Carnuta, la maison de l’homme et de la forêt, s’impose. Ensuite, direction la futaie des Clos dont Henry Roulleau de la Roussière disait en 1904 : « …ce petit coin de forêt, œuvre des siècles … ses beautés faites de grandeur, d’imposant silence et de majesté ». Quelque 400 chênes tricentenaires s’y élèvent à plus de 45 m, formant une véritable cathédrale verte. Un sentier accessible à tous, invite à une balade contemplative : allongez-vous sur des sièges (en chêne, évidemment), fermez les yeux et écoutez… c’est magique !
Cafetières et compagnies
C’est un musée (probablement) unique en Europe et il vaut le détour. Même si les cafetières anciennes en tôle émaillée ne vous branchent pas vraiment ! Il y a une quarantaine d’années, Véronique Quellier a eu un véritable coup de cœur pour une cafetière toute simple. C’était le début d’une grande passion, Véronique est devenue « cofféeaphiliste », contaminant avec sa fièvre de collectionneuse Alain, son futur époux. Pendant 15 ans, ils rénovent une vieille demeure de 1625 afin d’y installer leur immense collection (enfin, une partie seulement) mise en valeur par les cloisons à colombages, les grandes cheminées en tuffeau. On y retrouve des éléments de la cuisine de nos grands-mères avec égouttoirs, porte-louches, écumoires, bassines et des cafetières de toutes tailles. La tôle émaillée est décorée délicatement et certaines pièces sont tellement raffinées qu’on les croirait en porcelaine.

Des mises en scène thématiques, cuisine, quincaillerie, le grand bazar, rendent la visite particulièrement sympathique.
La rotonde ferroviaire
Un autre musée à proximité affiche des dimensions bien plus imposantes, la rotonde ferroviaire construite en 1890. Jusqu’en 1954 ce bâtiment en demi-cercle était un dépôt important de la ligne Paris-Bordeaux. Les locomotives à vapeur venaient s’y ravitailler en eau et charbon, pour l’entretien ou des réparations. Le pont tournant fonctionne toujours. Les bénévoles de l’association travaillent sans relâche pour restaurer et animer le site. Mieux vaut prévoir un peu de temps pour la visite, puisqu’ils aiment partager l’histoire du lieu, expliquer, détailler le matériel roulant.
Château de Lude
Il fait partie des fameux châteaux de la Loire mais se situe dans la vallée du Loir. Ce n’est pas un simple musée comme nombre des grands châteaux : il est toujourshabité par la même famille depuis plus de 260 ans. Le comte et la comtesse de Nicolaÿ ouvrent une grande partie du château à la visite. Sa particularité : chacune des façades est construite dans un style différent, selon l’évolution de l’architecture française depuis le Moyen-âge jusqu’au XIXe siècle. Les tours imposantes, les douves sèches, les souterrains voûtés et des murs de 10 m d’épaisseur sont des témoins du Moyen-âge et de l’époque des rivalités et conflits. Avec l’avènement de la Renaissance, la forteresse est transformée en demeure de plaisance. Le château de Lude est le seul à avoir conservé l’ornement emblématique de la Renaissance italienne, à savoir des grands médaillons sculptés et inspirés par l’iconographie romaine. La Renaissance française imprime sa marque dans la cour d’honneur avec des pilastres corinthiens, des frontons baroques, des lignes sobres. Ce véritable livre d’architecture qu’est le château, s’enrichit d’éléments du néo-classicisme, puis du style troubadour.

La décoration intérieure est tout aussi riche, reprenant cette diversité des styles. Un magnifique studiolo à l’italienne, des plafonds aux poutres peintes, des tapisseries des Flandres, des peintures murales, les appartements et salles de réception illustrent à merveille quatre siècles d’art de vivre à la française.
Le vaste parc, labélisé jardin remarquable, invite à une promenade paisible.
Zoo de la Flèche
Il est probable que vous ayez vu l’un ou l’autre épisode de « Une saison au zoo » sur France 4. Au cours de 700 épisodes et pendant sept ans, c’était la découverte des animaux et leurs soigneurs au zoo de la Flèche. Sur 18 hectares arborés, des espaces bien pensés accueillent quelques 1500 animaux des cinq continents dans un souci constant du bien-être animal. Pour une expérience inédite, des Safari Lodges (grand luxe) permettent de passer la nuit sur place, presque dans l’enclos des loups, des ours ou encore des lions.
Coup de cœur
Donjon du Ballon

Les amateurs de (beaux) jardins, doivent faire un crochet par cette petite commune. Malheureusement, le site n’est pas souvent accessible après le 15 août (sauf pour les groupes d’au moins 10 personnes). Ses jardins n’usurpent pas le label « remarquable » surtout le jardin clos médiéval avec une impeccable géométrie des parterres bordés de buis entourant des plantes médicinales, tinctoriales, condimentaires…
La famille Guéroult, propriétaire depuis une soixantaine d’années, se considère comme des passeurs d’histoire. Une histoire millénaire, ponctuée de convoitises guerrières. Les comtes du perche et du Maine, les rois de France, les Plantagenêt se disputaient pour cette forteresse érigée sur un éperon rocheux qui constituait un point de vue stratégique. L’intérieur vaut surtout pour sa vue sur le magnifique jardin clos médiéval avec des buis admirablement taillés, des roses anciennes sur tige, des plantes aromatiques, médicinales, tinctoriales… C’est avec beaucoup de plaisir que l’on passe de découverte en découverte : la roseraie où cohabitent avantageusement rosiers, arbres fruitiers, clématites et pivoines ; l’allée des tilleuls bordée par des topiaires ; le berceau de hêtres qui débouche sur la Motte féodale…