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Ursula Laurent

Les châteaux de la Loire à vélo

# Voyage Nature

Tours, Amboise, Chaumont, Beauregard, Cheverny, Chambord et Blois jalonnent l’itinéraire cyclotouristique La Loire à Vélo. Long de 900 km, il relie Cuffy (près de Nevers) à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique). Une grande partie traverse un territoire situé dans le périmètre inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco avec des châteaux, villes et villages chargés d’histoire, vignobles renommés.

Longer la Loire pour visiter ses châteaux comme ici à Amboise. Photo CRT Centre-Val de Loire, D.Darrault

Aller d’un château de la Loire à un autre, mais à vélo afin de profiter des paysages de la Loire. En cinq jours, nous avons visité sept châteaux, et parcouru quelques 130 kilomètres. Les étapes étaient courtes afin d’avoir le temps de profiter, un peu (bien trop peu !), de la vie de château.

Jour 1. Tours – Montlouis. 13,4 km.

C’est en train que nous rejoignons Tours, début de notre petit périple. A proximité de la gare, nos vélosnous attendent chez Roue Lib. Tout comme Simon, guide conférencier passionné, pour une visite de la ville à vélo. Une petite « mise en selle » après le trajet en train. Si le passage dans certaines rues du quartier médiéval  n’est pas toujours évident (selon l’affluence), la visite à vélo permet de découvrir un maximum de lieux en peu de temps, les berges, les ponts. Car nous n’avons pas envie de rester trop longtemps en ville et préférons rejoindre la Loire et Montlouis, notre première étape.

Jour 2.  Montlouis – Amboise- Rilly – Chaumont-sur-Loire. 36,8 km.

Notre premier château n’est qu’à quelques coups de pédale. Amboise surplombe fièrement la Loire. La chapelle Saint-Hubert du château abrite la tombe de Léonard de Vinci. La vue depuis les terrasses du château est magnifique. Pas étonnant qu’Amboise fut l’un des sites favoris des rois de France à l’époque de la Renaissance. Avec l’histopad (gratuit avec l’entrée), la visite devient encore plus intéressante, Anne de Bretagne, François Ier, Léonard de Vinci semblent reprendre vie. Le temps passe trop vite et après un rapide tour dans les jardins pour admirer les milliers de buis taillés en boules, nous reprenons nos vélos. Lors d’un rapide tour dans Amboise, nous achetons quelques provisions au marché. Nous passons devant le Clos Lucé, lieu de vie et de travail de Léonard de Vinci, traversons des vignes avant de retrouver le fleuve.

Le château royal d'Amboise. François Ier y a passé son enfance.

En cours de chemin, dégustation de vins et pique-nique (sur réservation, tél. 06 43 09 30 93) au Domaine des Pierrettes à Rilly.

Mieux vaut ne pas forcer sur le vin, car l’arrivée au château de Chaumont se fait par un méchant raidillon, seul passage difficile du parcours, même avec un vélo à assistance électrique. Grand et petit salon, bibliothèque, salle à manger, salle de billard, salle de garde, chambres…. Chaumont est certainement l’un des châteaux les plus meublés du Val-de-Loire ! Tour à tour propriété de Catherine de Médicis, puis de Diane de Poitiers, le château a accueilli des visiteurs célèbres : Nostradamus, Benjamin Franklin, Germaine de Staël. La dernière propriétaire privée, la princesse de Broglie, l’a emmené vers la modernité. Aujourd’hui, le domaine est la propriété de la Région Centre Val de Loire et est devenu Centre d’Arts et de Nature. En plus des objets d’art, des tapisseries et du mobilier d’époque, certaines pièces accueillent chaque année des œuvres d’artistes contemporains, créant une ambiance mystérieuse et poétique. La balade dans le parc paysager  avec ses arbres remarquables mène aux écuries, à la ferme modèle. Chaumont est également réputé pour son festival des jardins.

Le domaine de Chaumont-sur-Loire est la propriété de la Région Centre-Val de Loire depuis 2007.

Nous regagnons les bords de Loire pour embarquer sur une barque traditionnelle pour une petite navigation sur la Loire.

Le soir commence à tomber lorsque nous reprenons nos vélos pour traverser la Loire et rejoindre Veuzain et notre chambre d’hôtes, Les Douves d’Onzain. Notre chambre se trouve dans la tour d’Hélion (dont un petit bout du mur date de l’ancien château).

Jour 3. Chaumont-sur-Loire – Cellettes – Cheverny. 35,2 km

Après avoir suivi la Loire, nous quittons le fleuve pour emprunter le parcours des châteaux de la Loire à vélo.

Moins glamour que les grands châteaux voisins– donc moins couru - mais tellement chaleureux est le château de Beauregard à Cellettes. Il est bien caché en pleine nature ! Pour y accéder, nous traversons un vaste parc paysager de 40 ha, où les panneaux invitent expressément à marcher sur la pelouse, où une glacière du XVIIIème siècle témoigne du savoir-faire d’antan pour garder les denrées bien au frais. Mais toujours pas de château en vue ! Nous poursuivons à travers un petit bois au chemin jalonné par d’illustres personnages qui nous font redécouvrir l’histoire de façon ludique.

Mais voici enfin le  château de Beauregard. Une vaste fleur de lys est découpée dans les prés. L’ancien  Relais de chasse de François Ier est réputé pour sa « galerie des Illustres », une fabuleuse collection débutée en 1617. 327 portraits de personnages clefs de l’histoire politique de France et d’Europe invitent à un véritable cours d’histoire.

Le château de Beauregard est connu pour sa galerie des illustres.

S’il n’y a pas beaucoup de pièces à visiter – le château est petit et toujours habité - , il recèle des joyaux comme un plafond en lapis-lazuli , un exceptionnel pavage fait de 5 600 carreaux de Delft ou encore quelques meubles remarquables. Sans oublier la magnifique horloge musicale dans l’antichambre du château. Bien qu’elle date de 1711, elle fonctionne toujours et reproduit ses six mélodies. En passant dans l’ancienne bibliothèque du château,  d’autres portraits font sourire : ceux des chiens de célébrités d’aujourd’hui. Les portraits se déclinent également dans un jardin insolite créé en 1992. Il regroupe 12 « chambres végétales » rappelant les 12 groupes de portraits de la galerie.  Chacune des ces « chambres » est associée à une couleur dominante. On serait bien encore resté dans ce cadre paisible, d’autant que le propriétaire des lieux, Guy de Pavillon, était présent pour une visite guidée riche en petites histoires.

Mais un autre château nous attend et nous remontons sur nos vélos. Le chemin est toujours aussi agréable.

Changement de décor à au château de Cheverny, propriété familiale des Hurault de Vibraye depuis six siècles. En 1922, c’est le premier château privé  s’ouvrant au public. Avec ses tapisseries des Gobelins et pièces de mobilier d’exception, il est considéré comme le château de la Loire le plus magnifiquement meublé. Tout aussi beau, le parc avec ses jardins thématiques impeccables dont le jardin de l’amour.

Cheverny. Le domaine est la propriété de la famille Hurault de Vibraye qui habite toujours dans une aile du château.

Six sculptures monumentales en bronze du sculpteur suédois Gudmar Olovson se veulent un hommage à la vie, à l’amour bien sûr, et à la famille. La partie forestière du parc (plus de 100 hectares), se visite avec un guide, à bord de voiturettes et de bateaux électriques. Les cyprès chauves du canal donnent un air de Louisiane. 157 cèdres forment une allée majestueuse. Dans le chenil, la centaine de chiens anglo-français tricolores, croisement entre Fox Hound anglais et Poitevins français, font leur show. Petit clin d’œil sympathique : Hergé s’est inspiré du lieu pour dessiner le château de Moulinsart. Après les fastes du château, on retrouve avec plaisir l’univers de Tintin dans l’exposition permanente, « Les secrets de Moulinsart » pour une immersion plaisante dans les aventures de Tintin.

Juste en face de l’entrée au château, la Maison des vins de l’AOC Cheverny invite à la dégustation de 100 cuvées de l’appellation. 

 Jour 4. Cheverny – Villesavin – Chambord – Saint-Dyé-Loire. 32 km

Nous délaissons à nouveau le cours de la Loire pour découvrir un autre petit château moins connu. A travers des paysages bucoliques, nous rejoignons le château Villesavin au charme campagnard avec ses animaux de la ferme et son élevage de baudets du Poitou, propriété de la famille Sparr.  Malgré son apparente simplicité, des détails des façades rappellent celles de … Chambord. Rien de surprenant à cela quand on sait qu’il a été construit par Jean le Breton, gouverneur des travaux de Chambord. D’où son surnom de « cabane de chantier de Chambord ». Dans une annexe, un petit musée avec des collections insolites: des couronnes de mariés et de … pots de chambre. , la chapelle ou encore la remise avec les voitures.

Le château de Villesavin à Tour-de-Sologne dans le Loir-et-Cher, rappelle les villas de la Renaissance italienne.

Après cette petite halte bien paisible au cœur de la forêt, c’est l’effervescence de la foule qui nous accueille à Chambord, magnifique emblème de la Renaissance française. Le château est situé dans le plus grand parc clos d’Europe : 5440 hectares. Terres agricoles, prairies, forêts, lac, rivière, landes à bruyères, vignes et un village entourent le château. C’est François Ier qui ordonne, en 1519,  la construction  d’un palais au cœur des terres marécageuses de Sologne. Un palais monumental, symbole de pouvoir du jeune roi. Mais il faudra attendre le règne de Louis XIV pour que l’édifice soit achevé, et que le site soit assaini. Le Roi-Soleil y a résidé à plusieurs reprises et Molière y présente la première de son Bourgeois gentilhomme.

Depuis 1930, le domaine national de Chambord est propriété de l’Etat français. Une visite guidée (permettant de passer dans des endroits fermés au public) ou emprunter un HistoPad permet de décrypter les secrets du site. Au cœur du château : le fameux escalier à double révolution inspiré par Léonard de Vinci.

Le domaine national de Chambord.©Olivier Marchant

Après tant de splendeurs, et tant de monde, nous retrouvons la Loire. Pour notre dernière nuit sur le parcours, nous avons choisi d’être au plus près du fleuve. Ou plutôt sur le fleuve, à bord d’une toue cabanée confortablement aménagée. Le pique-nique nous attend au frais pour un petit repas simple mais digne d’un roi grâce au somptueux coucher de soleil. Olivier Lelong, le loueur de cet hébergement insolite, a eu la délicatesse de l’agrémenter d’une bouteille de bon vin bien frais !

Jour 5. Saint-Dyé-sur Loire – Blois : 24 km.

Après une nuit bercés par le clapotis de l’eau, nous repartons pour la dernière étape en longeant la Loire. De nombreux cygnes naviguent majestueusement sur le fleuve.  L’arrivée à Blois est impressionnante avec son pont, le château, les églises et autres bâtisses qui se découpent sur le ciel et se reflètent dans le fleuve. Une petite montée nous mène sur la place devant le château royal de Blois.  Avec ses quatre ailes de styles différents, il est une véritable vitrine de l’architecture des châteaux de la Loire, du Moyen-âge à l’époque Classique. Là aussi, une visite guidée est conseillée pour découvrir des pièces fermées au public, des petits passages secrets.

L'arrivée à Blois est impressionnante.

En fin d’après-midi, après un dernier coup d’œil sur la Loire, nous remontons vers la gare de Blois pour un retour à Tours en train. Le Train Loire à vélo facilite les déplacements. Sauf que les 17 emplacements dédiés sont vite pris (surtout pendant la période estivale, vaut mieux réserver) et que l’embarquement  en libre-service dépend de l’affluence. 

Coup de cœur

Au royaume de l’illusion

 Blois.  Toutes les 30 minutes, l'hydre à six têtes surgit par les fenêtres de la Maison de la magie dédiée à Robert Houdin.

A Blois, un musée insolite,  la Maison de la magie , fait face au château. Impossible de passer à côté lorsque des dragons surgissent par les fenêtres d’une belle maison bourgeoise! Collections de magie et spectacles vivants présentés par 20 artistes magiciens, entraînent le visiteur dans l’univers d’un des plus grands illusionnistes, Robert Houdin, enfant de Blois. Fils d’un horloger, né en 1805, il est inventeur, horloger, créateur d’automates. Il dépose une trentaine de brevets dont le compteur kilométrique, le périscope ou encore le plastron électrique des escrimeurs. Mais un jour il tombe par hasard sur le « Dictionnaire encyclopédique des amusements des sciences mathématiques et physiques ». C’est le début d’une passion dévorante pour la magie. En 1845 il ouvre au Palais Royal de Paris le Théâtre des Soirées fantastiques. Avec lui, la magie devient un art à part entière et il a inspiré les plus grands magiciens dont … Houdini, l’Hongrois Ehrich Weisz qui lui emprunte jusqu’à son nom.

Le voyage fantastique débute dès la rentrée avec un spectacle son et lumière dans la Rotonde. La salle des grandes illusions lève le voile sur quelques grands tours comme la lévitation ou la femme coupée en deux…
C’est aussi un véritable laboratoire de magie vivante combinant grandes illusions, prestidigitation, sciences occultes, jeux d’optique dans le Salon des magiciens… Même vus de tout près, les tours de passe-passe ne livrent pas leur secret ! Sauf au Grenier magique, où le « magicien de service » livre quelques astuces pour épater famille et copains.
La balade magique se termine  par un show créé chaque année spécialement pour la Maison de la Magie.
Une visite qui fait rêver, surprend, nous fait parfois douter de nos sens!

Infos pratiques

www.loireavelo.fr

  • Location des vélos chez Roue Lib, 55, rue Bernard Palissy.Tél. 0676535213, à quelques minutes de la gare et de l’Office de Tourisme. rouelib.eu/
  • Balade sur la Loire : association Millière Raboton, homme de Loire, tél. 06 88 76 57 14, www.milliere-raboton.net

Nuitées 

  • Montlouis-sur-Loire :  Maison d’hôtes « Le Clos du Roc » à, 4 quai de la Loire. Un beau manoir du 19e siècle avec un petit parc aux arbres remarquables. Les chambres sont admirablement aménagées, la table d’hôtes (sur réservation) délicieuse et les vins dégustés sur le conseil de notre hôte, tout à fait à notre goût !
    Tel. 07 60 34 00 66. www.leclosduroc.com/
  • Chaumont : Chambres d’hôtes et galerie d’art : Les Douve, 7 rue de l’Ecrevissière à Veuzain (de l’autre côté du pont). Une barque permet de faire un tour sur les douves qui entourent le bâtiment et le parc. Attention : réserver le diner à l’avance dans un des rares restaurants de la commune. Mieux : prévoir un pique-nique dans le cadre romantique du petit domaine (faire ses emplettes à Amboise, il n’y a rien à Veuzain). Les hôtes, Octavie et Sébastien, organisent régulièrement des expositions, des concerts.
    Tél. 02 54 20 82 66, www.lesdouvesonzain.fr
  • Cheverny : dîner et nuitée au Relais des Trois châteaux, 1 place Victor Hugo,
    Tél. 02 54 79 96 44. www.relaisdestroischateaux.com/
  • Saint-Dyé-sur-Loire :  Outre Loire, toue cabanée, quai de la Loire ; Olivier Lelong, tél. 06 89 16 49 34 (demander un panier de pique-nique pour le soir  afin de profiter un max de l’ambiance romantique). www.val-de-loire-41.com/fiches/outre-loire/
Les châteaux de la Loire à vélo
Un reportage de Ursula Laurent