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Claude Vautrin

L’Aveyron templier et hospitalier

# Voyage intérieur

# Aveyron

Envie de prendre de la distance avec le quotidien ? L’Aveyron des Templiers, des Hospitaliers, et des Cisterciens vous tend les bras. Pour une plongée dans une Histoire rare, au cœur d’une nature généreuse, et la découverte de joyeux architecturaux à la sobriété inspirante.

Commanderie de Sainte Eulalie de Cernon (Aveyron)

Les idéaux étaient bien vivants, concrets, dictés par la foi. Ici pour servir les plus faibles, là pour protéger les pèlerins durant les croisades, ou encore se mettre au service de leur Dieu en une grande simplicité de vie. Hospitaliers, Templiers ou moines cisterciens, ils ont trouvé en terre des causses des espaces de vie et de prière, bâti, au cours d’une histoire mouvementée, des cités-refuges fortifiées, devenus aujourd’hui des fleurons architecturaux du Larzac et de l’Aveyron, au cœur même du parc naturel régional des Grandes Causses. La référence aux beautés naturelles de la région ajoute à l’attrait d’un séjour apte à susciter la contemplation, à éveiller l’intérêt pour l’Histoire et son passé médiéval, à partager les plaisirs de l’œil, et de l’esprit.

Certains sites, telle la Courvertoirade, la cité médiévale templière hospitalière, subissent parfois une excessive fréquentation touristique. Ils n’en restent pas moins des éléments clés de la découverte. Si ma préférence va assurément au « fort cistercien de Saint-Jean-d’Alcas », un coup de cœur pour la sérénité qui émane des lieux, cette magnifique région réserve de bien belles surprises.

Le son pur de l’Abbaye de Sylvanès

Une vingtaine de kilomètres au sud du « fort des Dames », nouvelle étape cistercienne, décidément en odeur de sainteté. L’Abbaye de Sylvanès se profile, après la traversée du plateau de Mascourbe, où s’épanouit une ferme éponyme jadis dépendante de la Commanderie de Saint-Jean de Jérusalem de Saint-Félix de Sorgues, mentionnée dès 1373 et reconstruite en 1583. La riante vallée de la Sorgues franchie laisse alors place aux hauteurs boisées annonçant Sylvanès. Pour un rendez-vous architectural d’exception. Par sa sobriété justement, et les attraits qui en découlent, visuellement et acoustiquement. Pas étonnant qu’un Festival des musiques sacrées et musiques du monde s’y déroule chaque été. Découvrir l’abbaye, sa majestueuse nef romane, tandis que résonnent les voix de choristes en répétition est un pur bonheur. Scriptorium, salle capitulaire, cloître : à chaque espace, sa vocation, son histoire, aptes à aiguiser l’imagination. L’esprit œcuménique soufflant sur la région se traduit, non loin de là, au détour d’une route forestière, par une surprenante église en bois construite dans la pure tradition du VIIe siècle russe et dédiée à « l’Etimasie du Trône » !

L'abbaye de Sylvanès aux vertus acoustiques certaines accueille un Festival des musiques sacrées

« Le phare du Larzac »

A Viala-du-Pas-de-Jaux, une tour massive, Hospitalière celle-là, de trente mètres de haut, monte vers le ciel, tout en ouvrant un regard panoramique sur les causses. Ne l’appelle-t-on pas justement « le phare du Larzac » ? Un phare protecteur, lui aussi, puisque destiné à abriter la population, en cas de danger, tout en étant la plus grande tour-grenier jamais construite en Aveyron. Protéger, c’est aussi nourrir, c’est bien connu. La construction de la tour en 1430 a en tout cas évité aux habitants du cru, sous la menace d’attaques, de devoir plier bagages, familles et troupeaux pour rejoindre Sainte-Eulalie de Cernon, à dix kilomètres de là. L’ascension jusqu’au chemin de ronde et ses mâchicoulis permet de se familiariser avec le patrimoine bâti et les aménagements spécifiques de l’époque tels que les lavognes, ces retenues d'eau de pluie pour en abreuver les troupeaux.

La Commanderie de Sainte-Eulalie

Direction Sainte-Eulalie de Cernon. Les Templiers n’arrivent pas dans la région par hasard. En 1159, une page d’histoire régionale se tourne avec le don qui leur est fait de cette bourgade et de la terre du Larzac par Raimond-Bérenger IV, « prince » d’Aragon, en sa qualité de tuteur du vicomte de Millau. Dans la corbeille figure aussi le droit de construire des villes et des places fortes. Ce qui fut fait et bien fait. Témoin, leur maison-mère, la Commanderie de Sainte-Eulalie. Visite guidée, jeux de piste, audioguide ou fascicule, voire cinéma immersif : la découverte des conditions de vie des moines-soldats, est plurielle, et plutôt documentée. La balade dans les ruelles du village médiéval, une pause sur la place de la fontaine et ses arbres centenaires complètent parfaitement la découverte.

Moins d’une dizaine de kilomètres sépare ce haut-lieu templier de La Cavalerie et de son enceinte fortifiée du XVe siècle. Un chemin de ronde, de plus de 200 mètres, permet au visiteur de prendre de la hauteur sur les fortifications, la cité, le Larzac et les reliefs du Lévézou et des Cévennes.

Couvertoirade, la templière et l’hospitalière

Sur la route filant sur une vingtaine de kilomètres vers le sud-est et Couvertoirade, un village porte le nom évocateur de L’Hospitalet du Larzac. Guilbert, le comte de Millau, y fit construire en 1108 un hôpital pour accueillir et soigner les pèlerins, dans un village où l’architecture traditionnelle du causse est reine. Quant à

Couvertoirade, sa notoriété n’est plus à faire. Son classement comme l’un des villages les plus beaux de France est amplement mérité. On doit le château qui le domine aux Templiers. Erigé à la fin du 12e siècle, il est le seul à avoir été construit en France par l’Ordre, La Couvertoirade dépendant alors de la Commanderie de Sainte-Eulalie. Après l’abolition de l’Ordre du Temple en 1312, les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem s’installent dans la place, renforcent les fortifications du village au cours de la Guerre de Cent Ans. Quoique passagère, l’ère de prospérité qui s’installe durant la seconde moitié du XVe siècle sur le Larzac, avant l’advenue des guerres de religion, laisse aujourd’hui un patrimoine bâti de qualité, toujours vivant, enrichi aux XVIe et XVIIe siècles. Les marchands y sont sans doute un peu rois désormais, mais une cardabelle sculptée dans la pierre, une stèle discoïdale et moussue, marquée d’une croix, une voie pavée montant en escaliers vers le ciel rouvrent assurément les portes d’un passé plus mystérieux que les vestiges d’anciens pouvoirs. De quoi enchanter l’instant !

Nul ne finirait son séjour dans cette belle et inspirante région de l’Aveyron, sans s’offrir une halte instructive dans une des caves d’affinage du fameux Roquefort à Rochefort-sur-Soulzon, une balade au cœur des formations rocheuses et chaotiques de Montpellier-le-Vieux, voire oser s’en échapper. A quelques encablures à l’ouest, le cirque de Navacelles et les Gorges de la Vis confirment, dans une nature grandiose, l’attachement viscéral de l’homme à « ses » Grandes Causses.

Coup de cœur

 Saint-Jean-d’Alcas, le cistercien

Le fort cistercien de Saint-Jean d'Alcas est aussi dénommé le Fort des Dames

Hors du temps ! Ainsi est le séjour dans la petite commune aveyronnaise de Saint-Jean-et-Saint-Paul, posée au pied du Causse du Larzac depuis 1153. Le gîte a nom Cardabelle, cette fleur emblématique des causses qui, dit-on, protège du mauvais œil. Bon signe. Comme l’est la présence rassurante du Fort cistercien de Saint-Jean-d’Alcas, appelé aussi le Fort des Dames et planté au cœur du village. Des femmes, Abbesses, au XIVe et XVe siècle, le dirigèrent et le protégèrent, en fortifiant l’église, à la sobriété rassurante, puis en bâtissant tours, remparts, ruelles et maisons, médiévales à souhait, ainsi mises à l‘abri des fureurs guerrières. Imposante, l’architecture n’en est pas moins harmonieuse, favorisant sans doute le sentiment de plénitude.

Avec ou sans guide, livret de visite en main ou audioguide aux oreilles, la visite se poursuit sur les hauteurs, une fois gravie la tour poudrière. Depuis le chemin de ronde se dessinent au loin les contreforts du Larzac, le cirque de Tournemire, les montagnes du Lévézou. Des noms imaginés à l’évidence pour charmer. Plus proches, des moutons paissent. A l’intérieur, la maison de l’Abbesse livre ses intimités mobilières. Hors du temps donc. La vie ne s’en exprime pas moins, tout aussi sereine, via une partie de pétanque, l’intérêt porté par les petits comme les grands à des ateliers artistiques, des chasses aux trésors et jeux de piste organisés dans l’enceinte même du fort, via les effluves émanant du Pourtanelle, ou encore la découverte de l'espace botanique Hippolyte Coste, un prêtre dénommé « le curé des fleurs ». Tout un programme coloré.

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À voir

  • Saint-Jean d’Alcas Point Accueil de Saint-Jean et Saint-Paul, place de la Mairie - Saint-Jean d'Alcas12250 Saint-Jean et Saint-Paul – Tél 05 65 97 61 07 ou 06 59 76 75 56 - tourisme.stjeanstpaul@gmail.comhttps://www.tourisme-stjeanstpaul.com/

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L’Aveyron templier et hospitalier
Un reportage de Claude Vautrin