
La Venise du Nord a un charme fou. Avec ses maisons flamandes aux façades colorées et aux pignons en forme d’escaliers, ses bâtisses néogothiques monumentales, ses canaux, Bruges est un vrai décor de cinéma. Un musée à ciel ouvert. Et cela tient d’abord à sa situation géographique. Bruges fut dès le Moyen Age, un port important qui attira des marchands de toute l’Europe. La popularisation des fameux draps de laine flamands contribua également à cette première phase d’essor de la ville. On doit la seconde à une astucieuse politique matrimoniale qui permis d’unir la Flandres à la Bourgogne, apportant à Bruges un faste inouï qui dura tout au long du XVème siècle. Cet âge d’or du commerce et des arts fit de Bruges une ville fastueuse, courtisée par toute l’Europe. La suite fut moins glorieuse. L’ensablement du Zwin, la voie d’eau permettant de relier la mer, précipita sa chute. Anvers, port sur l’Escaut pris le large et Bruges tomba dans l’oubli. Elle passa successivement aux mains des Espagnols, des Autrichiens, des Français et des Hollandaiset s’appauvrit inexorablement. Mais finalement, cette mise en sommeil a été une chance. La ville est passée à côté de la révolution industrielle, préservant de fait son incroyable patrimoine. C’est aujourd’hui sa principale richesse. Huit millions de touristes s’y pressent chaque année et ce n’est pas par hasard. Voici quelques sites incontournables et bonnes adresses à découvrir.
La Grand Place ou place du Markt
C’est le cœur battant de la ville. Le marché s’y tient depuis l’an 958. Ces magnifiques monuments néogothiques témoignent de sa riche histoire. Le plus imposant est le palais provincial, ancien siège du gouvernement des Flandres occidentales, restauré en 2024. Les bâtisses construites de part et d’autre abritent d’un côté l’historium, un musée interactif sur l’âge d’or de la ville et de l’autre l’ancienne poste, aujourd’hui occupée par un autre musée, consacré à la bière. N’hésitez pas à pénétrer dans le palais provincial pour y admirer notamment la salle du conseil décorée de superbes vitraux, signés Jules Dobbelaere. La place aborde sur l’une de ses faces, un imposant beffroi de 83 mètres de haut, reconstruit en briques au XIIIème siècle. Prenez votre courage à deux jambes pour avaler les 366 marches qui mènent à son sommet. La vue sur la ville et les alentours y est saisissante. C’est aussi l’occasion d’admirer l’ingénieux mécanisme à tambour qui actionne automatiquement le carillon et ses 47 cloches. Le site compte toujours un carillonneur qui donne l’aubade chaque mercredi, samedi et dimanche à 11h précises. Nombreux cafés sur la place pour prendre un verre en admirant les lieux. C’est de là, que partent la vingtaine de calèches à cheval pour un tour romantique de la ville.
Le musée Groeninge en hommage aux primitifs flamands

Très joli musée consacré à la peinture flamande à travers les siècles. Mais on y vient surtout pour voir les primitifs flamands, une école du XVème siècle, née à Bruges, dont Jan van Eyck, Robert Campin et Rogier van der Weyden furent les pères fondateurs. Ce mouvement artistique, symbolisé par une peinture à l’huile très réaliste, précise, extrêmement détaillée, a ouvert la voie à la Renaissance. Le musée expose de nombreuses œuvres de cette époque. A voir notamment le jugement dernier de Pourbus, inspiré de celui de Michel Ange à la chapelle Sixtine au Vatican, ainsi que « Le jugement de Cambryse » de Gérard David. Mais le plus beau est sans doute la madone au chanoine Van der Paele, une composition sur bois de Jan Van Eyck demeurée dans un état de conservation exceptionnel. Le rendu des étoffes, la lumière, le détail des compositions ont été rendus possible grâce à une nouvelle peinture. Van Eyck ne mélangeait plus ses pigments avec des jaunes d’œufs comme cela se pratiquait jusqu’alors, mais avec de l’huile de lin, de l’essence de térébenthine et de la colle de peau de poisson. Une révolution dans l’art pictural qui permis de rendre les couleurs beaucoup plus vives et durables.
La madone de Michel Ange
Dominée par la plus haute tour en brique du monde, haute de 122 mètres, l’église Notre dame abrite une magnifique sculpture de Michel Ange, l’une des rares œuvres de l’artiste à avoir quitté l’Italie de son vivant. Cette vierge à l’enfant, réalisée en marbre blanc de Carrare était à l’origine destinée à une famille de Sienne qui ne put la payer. Elle fut finalement achetée par un riche marchand de tissus brugeois qui en fit don à l’église en 1515. Elle fut volée à deux reprises par les révolutionnaires français, puis par les nazis. Mais elle retrouva à chaque fois son écrin noir au cœur de l’église Notre dame. L’endroit abrite également les imposants mausolées funéraires de Charles le Téméraire et de sa fille, Marie de Bourgogne.
A pied, en bateau et à vélo
Bruges se visite d’abord à pied. La ville n’est pas très grande et il ne faut pas craindre de s’y perdre. Mais il est aussi intéressant de voguer en bateau sur les canaux. C’est l’occasion de découvrir sous un autre angle la Venise du nord. Il existe 5 embarcadères au cœur de la ville à un jet de pierre les uns des autres. Tous les bateaux font le même parcours qui dure environ 30 minutes. Autre moyen de locomotion à ne pas négliger : le vélo qui permet de pousser les investigations un peu plus loin, mais aussi de faire le tour des remparts. Cette balade de 7 kilomètres se pratique exclusivement sur voie cyclable. Prolongement possible dans les polders jusqu’à la petite ville de Damme, à 6 km de là. Nombreux loueurs de vélo en ville, dont l’hôtel Koffieboontje, à deux pas de la Grand place.
Les maisons Dieu
Les maisons dieu sont une curiosité de la ville. Sorte de logement social avant l’heure, elles ont toujours accueilli pour une somme modique, des veuves, ou des personnes âgées déshéritées. Construites entre le XIIIe et le XVIIème siècle par des corporations d’artisans ou des citoyens aisés « qui tenaient à s’assurer d’une place au paradis », ces maisons de poupées sont regroupées : en général 6 à 8 maisons autour d’un jardinet. Elles continuent à fonctionner comme dans le passé et sont gérées par l’assistance publique. Il en existe près de 260 à Bruges. Les plus belles sont celles de Meulenaere et Saint-Joseph, du Pélican et de Croeser.
La place du bourg
C’est la plus ancienne place de la ville où fut construit dès 879 un castrum en bois pour se protéger des Vikings. Plus modeste que sa voisine du Markt, elle n’en est que plus grandiose avec son hôtel de ville et son impressionnante façade gothique du XIVème siècle qui brille par sa magnificence. A voir également son tribunal Renaissance avec ses ornements dorés, sa basilique qui mêle art roman et néogothique, sans parler de sa prévôté de style baroque. Un livre architectural en 3D et à taille réelle qui balaye une bonne partie de l’histoire de la ville. Ne pas hésiter à pénétrer dans l’enceinte de l’hôtel de ville. C’est aussi joli à l’intérieur qu’à l’extérieur. Pénétrer également dans la basilique ! C’est ici qu’est entreposé le saint sang (une ampoule supposée contenir le sang du Christ et ramenée de la 4ème croisade). Ce qui vaut à la basilique et à cette place d’être le théâtre d’une procession chaque année à l’Ascension et ce, depuis le XIIIème siècle.
Ostende, balnéaire et culturelle

Ostende, « la reine des plages », a longtemps rivalisé avec Deauville. Jusqu’à la construction du tunnel sous la Manche, les Anglais s’y pressaient en nombre. C’est beaucoup moins vrai aujourd’hui. Il n’empêche, la plus grande cité balnéaire de Belgique bien que martyrisée par les deux guerres mondiales, reste un passage obligé pour qui séjourne à Bruges. D’autant que le train vous y amène en 14 minutes. Sortir de Bruges pour prendre un bon bol d’air sur la plage ou parmi les sentiers qui sillonnent les dunes est en tout point rafraîchissant. D’autant qu’Ostende bénéficie d’un vrai microclimat comme beaucoup de bandes côtières, il y fait souvent beau quand le ciel est gris sur les terres.
Cette lumière qui change perpétuellement a permis au très dépressif Marvin Gaye de se refaire une santé. C’est ici qu’il s’est remis à composer et qu’il a créé l’un de ses plus grands tubes : « Sexual Healing ». De fait Ostende est aussi une ville d’artistes. C’est ici que vécutJames Ensor, l’un des peintres belges les plus connus du XIXème siècle. Original et avant-gardiste, Ensor est aujourd’hui exposé dans les plus grands musées du monde. A Ostende, un musée retrace sa vie et décrypte son œuvre. On peut également visiter son atelier et sa maison. Cette sensibilité de la ville pour l’art se prolonge aujourd’hui à travers « The Crystal Ship » le plus grand festival de street art d’Europe que la ville organise chaque année au printemps. Près de 90 peintures murales d’artistes mondialement connus comme l’Australien Fintan Magee ou l’Argentin FranciscoBosoletti sont visibles toute l’année et disséminées dans la ville. Pour ceux qui veulent prolonger leur séjour sur la côte, il est agréable d’emprunter le tramway du littoral jusqu’à la station balnéaire De Haan qui a su préserver de remarquables villas de la Belle Epoque.