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Jean-Marc Toussaint

Kirghizstan, le nouveau Népal

# Voyage Nature

# Kirghizstan

Couvert à 80% par les montagnes, au cœur de l’Asie centrale, le Kirghizstan promet de devenir un haut lieu du trek et de l’alpinisme. Découverte.

Des paysages infinis de montagnes et de hauts plateaux où des bergers nomades viennent faire paturer leurs bêtes en été.

Le drapeau kirghiz est un rectangle rouge où brille un soleil jaune. Son centre est une évocation du tunduk : l’orifice situé au sommet du toit des yourtes, là où pénètre la lumière. Les 40 rayons du soleil représentent les 40 tribus kirghizes. Voilà en partie résumé, le Kirghizstan : une nation tribale semi nomade.

Ce que ne dit pas cet étendard, c’est que cette république née du démantèlement de l’URSS est aussi un territoire de haute montagne. 50% de son espace culmine à plus de 3000 m, dans une région parmi les plus isolées de la planète. Imaginez des sommets à perte de vue, des crêtes déchiquetées, des vallées verdoyantes, les jailoo, ces steppes herbeuses où paissent des milliers de moutons, de chevaux, de vaches, de yaks… Imaginez de grands espaces de nature sauvage préservés où se côtoient l’ours brun, le loup, l’aigle royal et la panthère des neiges. Imaginez des prairies ondulantes où abondent les edelweiss et des lacs d‘altitude aux eaux turquoises ou indigos.

Une vie pastorale intense

On l’aura compris, le Kirghizstan est d’abord un espace de pleine nature idéal pour la pratique du trek, et de l’alpinisme. On y dénombre quantité de sommets qui n’ont jamais été gravis,mais aussi desmontagnes singulières comme les parois de granit de Kokshal, mondialement connues. Dans ce dédale de montagne, le lac Issyk-Koul qui s’étend sur 180 km de long est le deuxième plus grand lac d’altitude de la planète après le lac Titicaca, en Amérique du Sud. C’est une véritable mer intérieure, classée réserve de la biosphère par l’UNESCO qui ne gèle jamais grâce à son activité thermale souterraine et sa légère salinité.

Ces étendues infinies de montagnes enchanteresses, propices à la randonnée itinérante forment le décor d’une culture de berger semi nomade, vivant en yourte. De juin à septembre, règne en ces lieux une vie pastorale intense. Les bergers s’installent avec leurs troupeaux dans ces vallées d’altitude où abondent l’herbe grasse. Coiffés du kalpak, un chapeau de feutre blanc, ils surveillent leur troupeau juché sur leur cheval. Les équidés constituent un des autres éléments indissociables de la vie nomade qui rythme le quotidien, les fêtes et les parties d’oulak tartysh (l’ancêtre du polo) où les cavaliers s’affrontent pour la possession d’une carcasse de chèvre décapitée !

Berger portant le kalpak, le chapeau de feutre typique des montagnards.

Ce peuple a par ailleurs un sens inné de l’hospitalité. Partout, il accueille le voyageur de passage avec du pain et du beurre, ou un bol de koumis, cette boisson au lait de jument typique qui fermente sous la yourte. Cette maison de feutre recouverte de graisse de mouton à l’extérieur pour en garantir l’étanchéité et richement décorée de tapis et de tentures à l’intérieur est au centre de la vie nomade. Elle se monte et se démonte en quelques heures, rappelant que voyager au Kirghizstan, c’est d’abord vivre une itinérance en conjuguant l’aventure avec un grand A. Il y a peu d’infrastructures, les accès sont difficiles, les populations ne parlent que kirghiz ou russe.

En revanche la déconnexion avec notre monde agité est totale, plus proche du soleil. Mais de tardez pas à découvrir cette pépite. Le guide australien Lonely Planet l’a classé dans le top 5 des destinations du monde. Le tourisme devrait donc rapidement s’y développer.

Une ancienne république soviétique

A l’ouest de la Chine, au sud du Kazakhstan, perché au bout de la chaine de montagne du Pamir, le Kirghizstan est une ancienne république de l’URSS, indépendante depuis 1991. Presque trois fois plus petit que la France, cet état d’Asie centrale compte 6,8 millions d’habitants, majoritairement musulman. Les kirghiz sont des sunnites modérés et mêlent à leur religion des pratiques chamanique.

D’origine tuc, ce peuple s’est récemment sédentarisé, mais beaucoup vivent encore en semi-nomade, selon un système tribal et clanique très organisé. L’essentiel de la population est concentré autour de la capitale Bichkek et dans les régions du sud, réputées plus sèches. Couvert à 80% par les montagnes, le Kirghizstan s’étend entre le Pamir au sud et la chaine des Tian Shan littéralement « les montagnes célestes » en chinois  qui se déploient au Nord et à l’Est.

  Ces montagnes abritent par ailleurs quelques-uns des plus hauts sommets d ’Asie centrale dont le pic Pobedy (7439 m), le pic Lénine (7134 m), ou encore le Khan Tengi (7010 m), sans doute le plus époustouflant avec sa gracieuse forme pyramidale.

Coup de cœur

Une alimentation riche mais saine

Il se dit au Kirghizistan que « ses habitants sont les deuxièmes plus grands mangeurs de viande après les loups. » Cette boutade est fondée sur une réalité. La cuisine kirghize fait la part belle à la viande de mouton, de cheval, de bœuf et à degré moindre de volaille.

Sinon, le plov est le plat national : du riz pilaf sauté ou cuit par absorption et agrémenté de viande de mouton ou d’agneau, de carottes caramélisées, de pois chiche, de légumes, de raisins secs, d’ail, de coing. Autre plat très répandu, le laghman servi sur le pouce dans tous les bazars du pays. Il s’agit de nouilles grasses, légèrement épicées et le plus souvent servies dans un bouillon chaud avec des légumes et de la viande bouillie.

La queue du mouton

Sinon, il y a aussi les mantis, des raviolis cuits à la vapeur et farcis à la viande de mouton et aux oignons. L'ashlyan-fu est également populaire auprès des voyageurs. Cette soupe froide, aux lointaines origines chinoises est un mélange de nouilles, d’œufs, de viande, d’amidon et de légumes. A Karakol, elle se déguste avec une tourte aux pommes de terre. Il existe également une soupe au lait, le shurugan, mélange d’oignons clarifiés au beurre, puis cuits dans le lait. Cette soupe se mange avec du pain ou des croutons. Plus étonnant sont les kourout, ces petites boules de fromage sec assez fort fabriquées à partir de lait caillé.

Dans un registre plus exotique encore, tester lekurdyuk. Cette masse de graisse qui entoure la queue du mouton est quelque fois servie en entrée. Sinon, elle est également utilisée comme matière grasse pour la cuisson. Autre plat populaire en entrée, les Samsa, ces beignets triangulaires cousins des samoussas, fourrés avec de la viande, mais aussi du fromage, des oignons, des pommes de terre ou de la citrouille…

Les cantines de bazar

Au Kirghizstan, on mange aussi couramment de la saucisse de cheval, du mampar (un ragout de tomates avec des pates), des chichkebek, des brochettes de foie grillé au barbecue. Le tout avec du kattama, un pain qui ressemble aux tortillas.

Coté dessert, il n’y pas grand-chose. Les kirghizes mangent des beignets à base de miel, des cäkcäk, une pate frite avec du caramel. Mais le plus souvent le repas s’achève avec un thé vert et grignotant des fruits secs, notamment des abricots produits dans le sud du pays. Le thé se consomme tout au long de la journée, mais on boit aussi fréquemment de la vodka, du koumis (le lait de jument fermenté) ou du bozo (une boisson légèrement pétillante réalisée à base de céréales fermentées). Pour manger des produits frais, n’hésitez pas à pousser la porte des cantines de bazars. C’est de loin le meilleur rapport qualité prix et l’assurance de découvrir la véritable cuisine Kirghize avec ses habitants.

Infos pratiques

Formalités. Passeport valide 6 mois minimum après la date de retour. Il n’y a plus besoin de visa pour les voyageurs français pour un séjour de moins de deux mois.

Décalage horaire. 4 heures en été et 5 heures en hiver

Climat.  Il est continental et montagnard, les températures sont donc très variables. La meilleure période pour faire un trek s’étend de juin à septembre.

Religion. L’islam est de loin la première religion du pays. Il existe toutefois quelques communautés orthodoxes dans la capitale Bichkek, mais aussi à Karakol.

Souvenirs. Le kalpak, un chapeau de feutre blanc ou des chaussons inusables, également en feutre, sinon des abricots séchés de la région de Ferghana, ou un komuz, une petite guitare à trois cordes.

Dormir sous une yourte. L’habitat nomade repose sur une armature pliable recouverte de plusieurs couches de feutre imperméabilisé. Si les bergers acceptent rarement d’héberger les voyageurs, vous serez en revanche fréquemment invités sous la yourte pour y boire le thé ou un verre de koumi. Des yourtes d’hôtes pour passer la nuit sont aménagées en plusieurs endroits autour du lac Song-Köl, notamment sur la rive sud.

Avec qui partir ? Allibert Trekking. Ce tour opérateur français spécialisé dans le voyage d’aventure et notamment le voyage à pied est basé en Isère depuis sa fondation en 1975. Intégré depuis 2012 au groupe Voyageurs du monde, Allibert est reconnu pour son expertise de la haute montagne et des déserts, mais il propose également quantité d’autres voyages, à pied, à cheval, à vélo… dans quelque 90 pays au monde dont le Kirghizstan. Dans ce petit état d’Asie centrale, Allibert propose 9 voyages de 14 à 22 jours, dont deux sont couplés avec l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Le voyage qui a inspiré cet article s’intitule « Kirghizie, l’aventure nomade ». Il traverse la chaine de Tian Shan, une haute steppe herbeuse entourée de sommets enneigés. Le trek qui dure 11 jours se passe entre 2500 et 3500 m d’altitude là où les nomades mènent leur troupeau de mouton, de bovins de yaks. Bonne condition physique requise. Nuit sous tente ou sous yourte. Guide francophone et déconnexion garantie. Plus de renseignement sur www.allibert-trekking.com ou par téléphone au 04 76 45 84 84.

Kirghizstan, le nouveau Népal
Un reportage de Jean-Marc Toussaint