
Le drapeau kirghiz est un rectangle rouge où brille un soleil jaune. Son centre est une évocation du tunduk : l’orifice situé au sommet du toit des yourtes, là où pénètre la lumière. Les 40 rayons du soleil représentent les 40 tribus kirghizes. Voilà en partie résumé, le Kirghizstan : une nation tribale semi nomade.
Ce que ne dit pas cet étendard, c’est que cette république née du démantèlement de l’URSS est aussi un territoire de haute montagne. 50% de son espace culmine à plus de 3000 m, dans une région parmi les plus isolées de la planète. Imaginez des sommets à perte de vue, des crêtes déchiquetées, des vallées verdoyantes, les jailoo, ces steppes herbeuses où paissent des milliers de moutons, de chevaux, de vaches, de yaks… Imaginez de grands espaces de nature sauvage préservés où se côtoient l’ours brun, le loup, l’aigle royal et la panthère des neiges. Imaginez des prairies ondulantes où abondent les edelweiss et des lacs d‘altitude aux eaux turquoises ou indigos.
Une vie pastorale intense
On l’aura compris, le Kirghizstan est d’abord un espace de pleine nature idéal pour la pratique du trek, et de l’alpinisme. On y dénombre quantité de sommets qui n’ont jamais été gravis,mais aussi desmontagnes singulières comme les parois de granit de Kokshal, mondialement connues. Dans ce dédale de montagne, le lac Issyk-Koul qui s’étend sur 180 km de long est le deuxième plus grand lac d’altitude de la planète après le lac Titicaca, en Amérique du Sud. C’est une véritable mer intérieure, classée réserve de la biosphère par l’UNESCO qui ne gèle jamais grâce à son activité thermale souterraine et sa légère salinité.
Ces étendues infinies de montagnes enchanteresses, propices à la randonnée itinérante forment le décor d’une culture de berger semi nomade, vivant en yourte. De juin à septembre, règne en ces lieux une vie pastorale intense. Les bergers s’installent avec leurs troupeaux dans ces vallées d’altitude où abondent l’herbe grasse. Coiffés du kalpak, un chapeau de feutre blanc, ils surveillent leur troupeau juché sur leur cheval. Les équidés constituent un des autres éléments indissociables de la vie nomade qui rythme le quotidien, les fêtes et les parties d’oulak tartysh (l’ancêtre du polo) où les cavaliers s’affrontent pour la possession d’une carcasse de chèvre décapitée !

Ce peuple a par ailleurs un sens inné de l’hospitalité. Partout, il accueille le voyageur de passage avec du pain et du beurre, ou un bol de koumis, cette boisson au lait de jument typique qui fermente sous la yourte. Cette maison de feutre recouverte de graisse de mouton à l’extérieur pour en garantir l’étanchéité et richement décorée de tapis et de tentures à l’intérieur est au centre de la vie nomade. Elle se monte et se démonte en quelques heures, rappelant que voyager au Kirghizstan, c’est d’abord vivre une itinérance en conjuguant l’aventure avec un grand A. Il y a peu d’infrastructures, les accès sont difficiles, les populations ne parlent que kirghiz ou russe.
En revanche la déconnexion avec notre monde agité est totale, plus proche du soleil. Mais de tardez pas à découvrir cette pépite. Le guide australien Lonely Planet l’a classé dans le top 5 des destinations du monde. Le tourisme devrait donc rapidement s’y développer.
Une ancienne république soviétique
A l’ouest de la Chine, au sud du Kazakhstan, perché au bout de la chaine de montagne du Pamir, le Kirghizstan est une ancienne république de l’URSS, indépendante depuis 1991. Presque trois fois plus petit que la France, cet état d’Asie centrale compte 6,8 millions d’habitants, majoritairement musulman. Les kirghiz sont des sunnites modérés et mêlent à leur religion des pratiques chamanique.
D’origine tuc, ce peuple s’est récemment sédentarisé, mais beaucoup vivent encore en semi-nomade, selon un système tribal et clanique très organisé. L’essentiel de la population est concentré autour de la capitale Bichkek et dans les régions du sud, réputées plus sèches. Couvert à 80% par les montagnes, le Kirghizstan s’étend entre le Pamir au sud et la chaine des Tian Shan littéralement « les montagnes célestes » en chinois qui se déploient au Nord et à l’Est.
Ces montagnes abritent par ailleurs quelques-uns des plus hauts sommets d ’Asie centrale dont le pic Pobedy (7439 m), le pic Lénine (7134 m), ou encore le Khan Tengi (7010 m), sans doute le plus époustouflant avec sa gracieuse forme pyramidale.
Coup de cœur
Une alimentation riche mais saine
Il se dit au Kirghizistan que « ses habitants sont les deuxièmes plus grands mangeurs de viande après les loups. » Cette boutade est fondée sur une réalité. La cuisine kirghize fait la part belle à la viande de mouton, de cheval, de bœuf et à degré moindre de volaille.
Sinon, le plov est le plat national : du riz pilaf sauté ou cuit par absorption et agrémenté de viande de mouton ou d’agneau, de carottes caramélisées, de pois chiche, de légumes, de raisins secs, d’ail, de coing. Autre plat très répandu, le laghman servi sur le pouce dans tous les bazars du pays. Il s’agit de nouilles grasses, légèrement épicées et le plus souvent servies dans un bouillon chaud avec des légumes et de la viande bouillie.
La queue du mouton
Sinon, il y a aussi les mantis, des raviolis cuits à la vapeur et farcis à la viande de mouton et aux oignons. L'ashlyan-fu est également populaire auprès des voyageurs. Cette soupe froide, aux lointaines origines chinoises est un mélange de nouilles, d’œufs, de viande, d’amidon et de légumes. A Karakol, elle se déguste avec une tourte aux pommes de terre. Il existe également une soupe au lait, le shurugan, mélange d’oignons clarifiés au beurre, puis cuits dans le lait. Cette soupe se mange avec du pain ou des croutons. Plus étonnant sont les kourout, ces petites boules de fromage sec assez fort fabriquées à partir de lait caillé.
Dans un registre plus exotique encore, tester lekurdyuk. Cette masse de graisse qui entoure la queue du mouton est quelque fois servie en entrée. Sinon, elle est également utilisée comme matière grasse pour la cuisson. Autre plat populaire en entrée, les Samsa, ces beignets triangulaires cousins des samoussas, fourrés avec de la viande, mais aussi du fromage, des oignons, des pommes de terre ou de la citrouille…
Les cantines de bazar
Au Kirghizstan, on mange aussi couramment de la saucisse de cheval, du mampar (un ragout de tomates avec des pates), des chichkebek, des brochettes de foie grillé au barbecue. Le tout avec du kattama, un pain qui ressemble aux tortillas.
Coté dessert, il n’y pas grand-chose. Les kirghizes mangent des beignets à base de miel, des cäkcäk, une pate frite avec du caramel. Mais le plus souvent le repas s’achève avec un thé vert et grignotant des fruits secs, notamment des abricots produits dans le sud du pays. Le thé se consomme tout au long de la journée, mais on boit aussi fréquemment de la vodka, du koumis (le lait de jument fermenté) ou du bozo (une boisson légèrement pétillante réalisée à base de céréales fermentées). Pour manger des produits frais, n’hésitez pas à pousser la porte des cantines de bazars. C’est de loin le meilleur rapport qualité prix et l’assurance de découvrir la véritable cuisine Kirghize avec ses habitants.